La CoP15 de Copenhague sur le réchauffement climatique, préparée depuis deux ans, avec des milliers de réunions dont des centaines à l'échelle continentale et des dizaines à l'échelle mondiale, a déçu. Pendant 15 jours, 35 000 délégués de 193 pays se sont retrouvés pour tenter de sauver la Terre, qui chauffe. Un panel exceptionnel de politiques, de scientifiques, de prix Nobel, de militants, d'artistes et des chefs d'Etat, dont ceux des grands pays de ce monde. Ils n'ont pas pu s'entendre pour réduire à un niveau acceptable les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les chefs des grandes nations de la planète, arrivés en renfort 48 heures avant la clôture, n'ont pas réussi à mettre un terme aux tergiversations sur les taux de réduction. Le voulaient-ils vraiment ? « Lorsque le Titanic a sombré, il a fait autant de victimes chez les premières classes qui détenaient le pouvoir, la puissance, l'argent, le progrès et son confort », a déclaré Mohamed Hasan Mahmud, ministre de l'Environnement et des Forêts du Bengladesh, un pays pauvre fortement atteint par les effets du réchauffement climatique. Prenant en exemple ce célèbre naufrage, il a interpellé les pays riches à prendre conscience de leur rôle historique dans le dérèglement du climat et leur pleine responsabilité. « Il faut apprendre à partager le progrès, qui est universel, avec les autres Terriens », a-t-il expliqué. Ceci revient à dire que la conférence de Copenhague a eu le mérite de rappeler la fracture toujours béante entre le Nord et le Sud, entre les riches et les pauvres. Entre des pays qui se soucient avant tout de leur bien-être, de leur industrie, de leur économie et des pays où des millions de personnes meurent chaque année de faim, de maladies et de la guerre. Ceux qui avaient prédit que les « grands » empêcheront, à Copenhague, un accord avec des objectifs chiffrés pour préserver leurs économies avaient raison et continuent d'avoir raison. La conférence aura montré parallèlement que des pays comme la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud ne sont plus acceptés dans le groupe des pays sous-développés, où ils prennent parfois la tête. A Copenhague toujours, la Chine, comme à l'occasion des Jeux olympiques, a montré qu'elle était une puissance en devenir et qu'il fallait compter avec elle. Les pays occidentaux lui attribuent l'échec des négociations car elle a, entre autres, refusé les contraintes du contrôle des mesures nationales, comme le souhaitaient les USA. Ce qu'elle a considéré comme de l'ingérence. En clair, on veut nous signifier, la Chine est aussi un gros pollueur parce qu'elle n'est pas démocratique. L'Europe, restée dans le sillage des USA, n'a en fait pas beaucoup pesé. L'Afrique a haussé le ton ; c'est à peine si elle a été entendue. Juste assez pour émouvoir les argentiers qui vont lui verser une obole et libérer leur conscience. A Copenhague encore, la preuve a été faite que la gouvernance mondiale n'est pas une sinécure avec de tels déséquilibres dans les pouvoirs. L'ONU a une fois de plus montré ses limites et, comme l'exigent les pays en développement, son fonctionnement est à revoir.