Il n'y avait que 30 femmes en 2007, au niveau des deux chambres du Parlement, alors que la première Assemblée populaire nationale élue en 1962 en comptait 35. La femme est quasi inexistante sur la scène politique algérienne. La question de la représentativité des assemblées élues, ou plutôt de sa « non-représentativité », soulevée de manière récurrente, se pose de façon beaucoup plus accrue pour ce qui est de la gent féminine. Au Parlement par exemple, il n'y avait que 30 femmes en 2007, alors que la première Assemblée populaire nationale élue en 1962 en comptait 35. Cette faible représentativité — 7% des sièges des deux chambres sur un total de 533 députés et sénateurs — est aussi valable pour les postes de responsabilité : seulement trois femmes sont ministres d'Etat sur 27 portefeuilles. Et ce qui prévaut à l'échelle nationale est d'autant plus vrai au niveau local. En 2007, elles n'étaient que 129 dans les APW et seulement 103 dans les APC. « Cette absence, ou du moins ce peu de visibilité, a été constatée dans pratiquement tous les secteurs. Et si elles sont présentes ‘à la base' que ce soit dans les partis politiques ou dans les administrations en passant par la Sûreté nationale, elles se font de plus en plus rares à mesure que les postes sont importants et confèrent un pouvoir décisionnel », déplore le docteur Nadia Bellal, consultante en genre, lors d'une session de sensibilisation quant à la participation politique des femmes. Cette formation est organisée par l'Institut international de recherche et de formation des Nations unies pour la promotion de la femme (UN-Instraw) ainsi que le Centre de la femme arabe pour la formation et la recherche (Cawtar). La conseillère régionale de ce dernier organisme, la Tunisienne Boutheîna Gribaa, a estimé, à l'issue de l'enquête menée et de la cartographie de la situation dressée : « Effectivement des lois existent, elles sont favorables à la participation politique des femmes. De même, des institutions activent dans ce sens afin d'aboutir à une meilleure représentativité sur la scène publique. » Mais si, institutionnellement, il n'y a pas de discrimination, là où le bât blesse, est que l'application de ces dites lois fait défaut et elles ne sont nullement traduites dans le vécu, tant professionnellement que socialement. D'où la nécessité d'instaurer le « fameux » système des quotas au sein des partis politiques, des assemblées et du gouvernement. Pourtant, cette discrimination positive est souvent critiquée par des femmes en premier lieu. D'aucuns estiment que suivant cette politique, si une femme occupe tel poste ou tel siège, elle ne le doit qu'à son statut de femme et non à ses compétences et à ses mérites. « Mais c'est, en premier lieu, une manière d'inciter les femmes à être présentes sur la scène politique. Toutefois, ce qui est préconisé et surtout indispensable, c'est de faire accompagner ces quotas par des mesures de perfectionnement, quant au rendement de ces personnes qui sont propulsées sur la scène », se défend Mme Gribaa. En somme, l'essentiel est qu'elles soient là au début. Qu'on leur mette le pied à l'étrier. « En fait, c'est un moindre mal temporaire, le temps de les rendre vraiment aptes à être élues et non plus désignées », estime aussi le docteur Bellal. « De toute façon, il y a des hommes tout aussi incompétents qui occupent, depuis des années, des postes politiques ou une haute responsabilité et qui perdurent », conclut l'experte ès genres. Dès lors, pourquoi n'accorderait-on pas cette même faveur, cette même indulgence aux femmes ?