Les criquets migrateurs utilisent leur vue pour s'orienter et ne se positionnent pas uniquement avec leurs antennes, selon une étude publiée jeudi et réalisée grâce à une échelle adaptée à la taille des insectes et à une caméra filmant au ralenti. L'orientation corporelle contrôlée par la vision est une tâche complexe que les chercheurs avaient considérée jusqu'ici hors de portée du cerveau minuscule des criquets, explique Jeremy Niven de l'université de Cambridge, auteur de cette étude publiée dans la revue américaine Current Biology. « C'est un nouvel exemple de la capacité des insectes à réaliser des performances qu'on pensait réservées à des animaux ayant un cerveau de grande taille leur permettant un contrôle sophistiqué de leurs activités motrices, comme les êtres humains, les singes ou les pieuvres », précise M. Niven. Les criquets ont des antennes relativement courtes, de grands yeux et passent leur temps en vol comme au sol, ce qui a amené les chercheurs à s'interroger sur l'usage qu'ils font de leurs yeux au sol. Jeremy Niven et son équipe ont installé une échelle miniature et ont filmé les criquets la traversant, pour compter le nombre de fois où un insecte manquait une marche et comparer avec les erreurs de positionnement dans d'autres situations. « En combinant les paramètres de différentes expériences, nous avons pu montrer que les criquets utilisaient leur vue pour positionner leurs pattes. Nous avons notamment constaté que lorsque le criquet ne voyait plus sa patte, il cessait de l'utiliser et déplaçait une autre patte et qu'il activait toujours de préférence la patte qu'il pouvait contrôler visuellement », a conclu le chercheur. Cette découverte, selon M. Niven, permettra de mieux comprendre le contrôle du mouvement aussi bien chez l'être humain que dans la programmation des robots, les criquets ayant servi de modèle pour l'étude du contrôle neuronal des membres pendant les 40 dernières années.