Honte à l'Algérie qui a abandonné l'un de ses cadres intègres à la mafia du foncier à Annaba. Oui, l'Algérie s'est tue sur la mort du wali de Annaba et son silence est complice. Cependant, notre parti ne va pas se taire. A partir de cette ville qui a vu sa mort, je réitère mon appel pour dépêcher une commission d'enquête de haut niveau afin de situer les responsabilités. Cette enquête devra toucher également les barons du foncier et des crédits bancaires», a tonné, hier, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) depuis Annaba, où elle a animé un meeting populaire au théâtre Azzedine Medjoubi. D'un ton coléreux, l'oratrice a frôlé l'appel à la désobéissance en rappelant, devant un parterre de militants et de citoyens, que la vacance du pouvoir exécutif a encouragé tous les dépassements : «Tous les ingrédients d'une explosion sociale sont réunis à Annaba. La ville est sur un volcan, car ses habitants sont marginalisés. Ils souffrent du manque de logement, de travail et de la dégradation de l'environnement. L'Etat est absent, ce qui a multiplié les atteintes aux biens publics.» Même le président Bouteflika n'a pas été épargné par Mme Hanoune : elle lui a rappelé ses engagements électoraux toujours pas respectés depuis déjà une année. «La révision de la Constitution doit passer par les urnes» «Le président Bouteflika s'est engagé, à la veille de la présidentielle, à procéder à des réformes politiques pour consacrer la démocratie en Algérie. Nous attendons toujours et lui demandons que la révision de la Constitution passe par les urnes. Que cette Constitution renforce la souveraineté nationale de la République et consacre l'amazighité comme deuxième langue officielle. La gratuité des soins doit être assurée pour les 15 millions de pauvres Algériens. Nous exigeons un changement démocratique réel, qui passe par un pouvoir caméral et non bicaméral. Pour épargner le pouvoir de la justice de celui de l'Exécutif, l'élection des juges doit être indépendante et transparente. Pour une mission plus perspicace et efficace, la Cour des comptes doit être renforcée par des centaines d'autres juges couvrant les secteurs public et privé», a estimé Louisa Hanoune, appelant à des élections locales et législatives anticipées intégrant le nouveau découpage administratif. Abordant l'aspect économique, la secrétaire générale du PT a rappelé à Bouteflika sa déclaration de 2006, lorsqu'il avait affirmé que le marché informel pèse 3700 milliards et qu'il faut le juguler. «Nous sommes en 2015 et rien n'a été fait. Les 51/49% ne profitent qu'aux amis et même parfois aux multinationales sous des prête-nom», a-t-elle relevé, faisant allusion à la conférence nationale sur le commerce extérieur tenue la semaine dernière à Alger. Préalablement, l'oratrice s'était longuement attardée sur la situation politique internationale dans le monde arabe et en Amérique latine, tirant à chaque fois à boulets rouges sur la Ligue arabe et les USA.