Et c'est aujourd'hui au tour d'un capitaine de l'industrie de lui reprocher, en tant que premier responsable du secteur, «le blocage» de l'industrie algérienne. Le patron du premier groupe privé algérien, Issad Rebrab, a pointé un doigt accusateur vers le ministre et ces prédécesseurs à la tête du département. Sans doute excédé par le blocage d'un projet de ligne de production de 400 000 lave-linge de marque Brandt destinés à l'exportation et qui dort dans les tiroirs du ministère depuis le mois de novembre dernier, le PDG du groupe Cevital charge le ministre, se disant ne pas comprendre le blocage de ses projets qui offrent pourtant «des avantages en termes de création d'emplois et de richesses». Il a estimé, mercredi soir au cours d'une interview accordée à la chaîne de télévision privée, Dzaïr News, que ces blocages peuvent s'expliquer par des «considérations idéologiques et régionalistes». Il ajoute dans ce sens que «certains décideurs, qui n'ont pas fait leur mutation, sont toujours bloqués dans les années 1970». Issad Rebrab dit être étonné qu'il faille toujours demander une autorisation pour investir. Et de s'interroger : «Pourquoi bloque-t-on Cevital, alors que c'est le premier contributeur au budget de l'Etat, après Sonatrach et le premier exportateur hors hydrocarbures.» Issad Rebrab s'insurge ainsi contre le refus du ministère de l'Industrie d'accorder une autorisation pour «l'acheminement d'une chaîne de production de machines à laver, dont 70% des équipements sont neufs». Il explique ainsi que l'argument avancé par le département de M. Bouchaoureb — ce refus est lié au fait que les équipements importés englobent 4,5 millions d'euros d'équipements rénovés — est insuffisant pour justifier le blocage d'un projet prévoyant la production de 400 000 lave-linge à partir de la fin 2015, et devant générer 80 millions d'euros de revenus à l'export. Le patron du groupe Cevital, explique aussi qu'il n'est pas le seul opérateur à souffrir de blocage. Et d'ajouter que dans le cas de Cevital, le groupe a introduit plusieurs projets novateurs, qui auraient permis à l'Algérie de passer du stade d'importateur à celui d'exportateur. Il évoque ainsi son projet de trituration de graines oléagineuses et dont les autorisations attendent depuis plus de dix ans. Il en est de même pour le port Cap Djinet qui devait englober des unités de construction navale, de construction automobile et de pétrochimie. Issad Rebrab rappelle avoir demandé une autorisation pour l'implantation d'une unité sidérurgique à Bellara, attribuée depuis aux Qataris. Que dire alors de son projet d'implantation d'une unité pétrochimique à Arzew. Rebrab s'insurge ainsi qu'après avoir acquis un terrain à Bethouia, on lui ait imposé une entrée de Sonatrach à hauteur de 51% dans le projet. «Mon dossier est passé cinq fois au CNI, et on a aménagé la loi spécialement pour ce cas», a-t-il expliqué, avant de se révolter en disant ne pas comprendre comment un ministre de l'Industrie peut dire que les pouvoirs publics l'ont encouragé et avantagé. Issad Rebrab indique dans ce sens que «le plus frustrant est de voir un ministre de l'Industrie (Abdessalem Bouchaouareb, ndlr) bloquer l'industrie algérienne». Issad Rebrab, qui a également dressé un tableau des nombreux projets du groupe Cevital à l'international, devant créer des synergies entre l'industrie algérienne et les marchés internationaux, dit regretter l'absence d'accompagnement des autorités algériennes aux opérateurs nationaux à l'international. Il a dans ce sens précisé que les représentations diplomatiques demeurent malheureusement accrochées «à un accord des autorités d'Alger».