Le président du groupe révélera que Cevital va investir, d'ici à 2020, plus de 300 millions de dollars au niveau du pôle industriel de Sétif. Dans un entretien accordé au magazine économique français Entreprendre, le patron du groupe Cevital, Issad Rebrab, a décliné ses ambitions à court et à moyen terme. "Je veux installer Cevital comme le premier exportateur privé algérien de taille mondiale, après le géant pétrolier public Sonatrach. Le groupe prévoit d'exporter pour 2,8 milliards de dollars en 2020, dont 2 milliards de dollars viendront de l'électroménager", dira d'emblée M. Rebrab qui place la barre très haute en termes d'investissement et pourvoyeur de projets à valeur ajoutée. Pour preuve, "Cevital, explique-t-il, prouve que les entreprises algériennes peuvent créer de l'emploi et de la richesse, et conquérir des parts de marché à l'international, pour peu qu'on les laisse investir et qu'on libère les initiatives". Soulignant que 95% des revenus en devises de l'Algérie sont assurés par le pétrole et le gaz, il affirme que Cevital "est un exemple susceptible d'inciter le pays à passer enfin d'un modèle fondé sur la rente pétrolière à une économie diversifiée et compétitive". Quid de la qualité et du coût de la main-d'œuvre, mais aussi des qualifications qui pourraient porter ces projets à terme avec succès ? M. Rebrab estime que ce coût "ne peut pas être le seul. Si on veut être le n°1, il est impératif d'investir dans les dernières technologies. Aujourd'hui, une main-d'œuvre ordinaire n'est pas compétitive en comparaison de ce que peuvent apporter les robots en termes de qualité et de coûts de production". Citant l'exemple du pôle industriel de Sétif, il révélera que Cevital va investir, d'ici à 2020, plus de 300 millions de dollars. "C'est le plus grand projet jamais réalisé dans la région. Avec cette production, nous livrerons le marché mondial. Il faut à la fois être présent dans un pays très compétitif en termes de coûts et il faut investir dans la recherche et le développement et l'innovation. On ne peut pas s'en sortir autrement", a développé encore le patron de Cevital. Ce dernier a également abordé la reprise de Brandt qu'il qualifie de "plus que concluante". Cevital a réussi à redonner vie à cette entreprise, qui était en faillite, "pour maintenir, explique-t-il, les emplois en France tout en investissant dans des unités modernes et très compétitives en Algérie afin de créer des synergies". Objectif atteint, M. Rebrab révélera que Brandt va réaliser 500 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2017, contre 370 millions en 2015 et 170 millions en 2014. "Nous devrions être rentables l'an prochain (2018,ndlr) si l'on exclut les coûts de structure. Mais Cevital n'aurait pas réussi à redresser Brandt France sans investir fortement en Algérie", a-t-il encore affirmé. Pour faire aboutir cette stratégie, M. Rebrab a expliqué qu'il fallait "aller vers la ‘co-localisation'. Les volumes générés permettent alors de réduire les coûts de la commercialisation. En jouant sur cette synergie, on peut constituer de grands groupes capables d'affronter la concurrence mondiale avec divers produits. L'Algérie peut devenir l'atelier de l'Europe et l'industrie française a de beaux jours devant elle, pour peu qu'elle investisse". D'ailleurs, il citera Brandt comme exemple type de cette stratégie en affirmant que "seule la partie cuisson pouvait être compétitive. En France, nous ne faisons que la partie ‘chaud', fours, cuisinières et plaques, tandis que la partie ‘froid' est fabriquée en Algérie". D'ailleurs, il rappellera qu'il restait quatre usines en France, dont deux spécialisées dans les équipements de cuisson, à Orléans et à Vendôme, et deux autres en Vendée, qui fabriquaient des lave-linges spécifiques et des fours à micro-ondes. "Mais des études nous ont démontré que ces activités n'avaient pas d'avenir. Les produits blancs ont quitté l'Europe occidentale", a conclu M. Rebrab. FARID BELGACEM