Celle-ci a indiqué qu'au moins quatre dirigeants du mouvement ainsi qu'environ 30 rebelles femmes ont été tués dans les bombardements. Ankara a lancé le 24 juillet une «guerre contre le terrorisme» visant simultanément le PKK et les combattants du groupe Etat islamique (EI) en Syrie. Mais les dizaines de raids aériens qui ont suivi se sont concentrés sur la guérilla kurde, seuls trois d'entre eux ayant été jusqu'à présent officiellement signalés contre l'EI. De son côté, le PKK poursuit ses attaques contre les forces de l'ordre, dont au moins une vingtaine de membres ont été tués depuis le déclenchement du nouveau cycle de violences, selon des sources officielles turques. Dans la nuit de samedi à dimanche, lors d'une attaque survenue dans la ville de Midyat, dans la province de Mardin, située dans le sud-est turc peuplé majoritairement de Kurdes, et attribuée au PKK, un policier a été tué et un autre blessé, selon l'agence de presse Dogan. Le chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP) – pro-kurde – a lancé un nouvel appel samedi aux rebelles du PKK et au gouvernement turc à mettre fin aux violences actuelles et à engager des négociations. Le coprésident du HDP, Selahattin Demirtas, s'exprimait au lendemain de la mort de six personnes dans des affrontements entre les forces de sécurité et des combattants dans la ville kurde de Silopi (sud-est). «J'en appelle aujourd'hui aux deux camps», a déclaré S. Demirtas devant la presse, dans la ville de Van à l'est. «Le PKK doit immédiatement retirer son doigt de la gâchette et déclarer qu'il respecte le cessez-le-feu» engagé avec l'Etat turc il y a près de trois ans mais qui a volé en éclats avec les dernières violences. Le gouvernement turc, a-t-il poursuivi, doit pour sa part cesser ses opérations de sécurité et se déclarer prêt au dialogue. Le HDP de Selahattin Demirtas, considéré par certains comme la vitrine politique du PKK, a remporté 13% des voix lors des élections législatives du 7 juin et a accru de manière considérable son influence politique avec 80 députés sur 550 au Parlement. L'appel du leader kurde a reçu une réaction positive de la part du Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu. «C'est un appel tardif mais approprié», a estimé tard samedi ce dernier, indiquant que le PKK devait «quitter» la Turquie pour l'arrêt des opérations militaires le visant. Des F-16 américains déployés sur la base d'Incirlik Par ailleurs, les Etats-Unis ont pour la première fois déployé hier des chasseurs F-16 en Turquie pour lutter contre l'EI. «Six F-16 ont été déployés sur la base d'Incirlik», au sud de la Turquie «en soutien à la lutte contre l'Etat islamique», a écrit la mission américaine auprès de l'Otan sur son compte Twitter. Le ministère américain de la Défense a pour sa part précisé qu'un contingent de 300 militaires a en outre été déployés sur cette base. C'est la première fois depuis le lancement de la coalition internationale qui bombarde ce groupe djihadiste en Irak et en Syrie, il y a un an, que les Etats-Unis pourront faire décoller des chasseurs depuis cette base, suite à l'accord signé avec la Turquie fin juillet. Washington a jusqu'à présent utilisé des drones armés depuis Incirlik. Les avions de l'US Air force devaient jusqu'à présent décoller de bases plus éloignées pour aller frapper leurs cibles djihadistes, entre autres en Jordanie ou au Koweit. Membre de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan), la Turquie a jusqu'à récemment refusé de participer activement aux opérations de la coalition contre l'EI, de peur de favoriser l'action des Kurdes de Syrie combattant sur le terrain les djihadistes à proximité de sa frontière. Le Parlement turc a autorisé le 2 octobre 2014 une intervention militaire en Syrie et en Irak, mais les forces turques positionnées à la frontière face à la ville frontière syrienne au nord, Kobane brillent par leur inertie. La Turquie a accueilli avec méfiance la création, en 2013, d'une administration autonome par le Parti de l'union démocratique kurde (PUD) dans trois cantons du nord-est de la Syrie abandonnés par Damas. Elle exige des Kurdes syriens, qui lui réclament l'ouverture d'un couloir entre Kobane et la Turquie pour y faire transiter des armes, qu'ils renoncent à cette autonomie. Aussi, pour Ankara, l'objectif essentiel de toute intervention doit être la chute du président syrien Bachar Al-Assad.