Les avocats chargés de la défense dans le procès en appel des cadres inculpés dans l'affaire du secteur de l'hydraulique à Béchar se sont retirés, hier, de la salle d'audience, en signe de protestation contre les conditions dans lesquelles se déroulait le procès. Béchar. De notre bureau A peine les audiences venaient-elles de reprendre, ce dimanche, que maître Bouaïcha, le bâtonnier de la région ouest du pays, parlant au nom de tous les avocats de la défense, s'est levé pour signifier au président de la séance que les avocats se retiraient. Pour Me Sellini, qui a animé un point de presse aux côtés de maîtres Bouchachi et Bouaïcha, « c'est une véritable parodie de justice qui s'est déroulée jusqu'ici ». Les membres du collectif d'avocats ont fait part, par ailleurs, de leur intention de demander, par les voies légales, la délocalisation du jugement de l'affaire. « Nous respectons le verdict prononcé en première instance et celui qui va être prononcé par la cour d'appel, cela va de soi ; cependant, nous avons exigé à plusieurs reprises le respect de la défense pour que ce procès soit équitable, sans succès », ont encore enchaîné les protestataires. Les avocats rappellent qu'ils ont demandé la présence du wali de Béchar. « Sa présence est indispensable parce que plusieurs accusés affirment qu'ils ont agi sous ses ordres. Nous voulons que le premier responsable de la wilaya témoigne. Ses explications sont d'une importance capitale pour le procès. A notre surprise, le président de la séance nous a affirmé que le premier responsable de la wilaya n'avait pas été convoqué. » Pour rappel, l'affaire des cadres de l'hydraulique de Béchar a commencé en janvier 2009. Une enquête des services de la sûreté de wilaya avait révélé de nombreux dépassements dans la gestion des marchés publics. A titre d'exemple, la réalisation de trois murs de protection dans les daïras de Lahmar, Kerzaz et Béni Ounif avait coûté quelque 29 milliards de centimes au Trésor public ; or une expertise ordonnée par la justice a estimé le montant réel de ces réalisations à moins de 6 milliards de centimes. De plus, le mur de Kerzaz n'a été réalisé qu'à moitié, alors que l'entrepreneur a encaissé la totalité de l'enveloppe financière dégagée pour ce projet, soit plus de 8 milliards de centimes, comme mentionné dans le dossier. Cette expertise suggère, en outre, la démolition des trois murs « qui peuvent constituer une menace pour les populations locales ». Treize personnes, dont deux ex-directeurs de l'hydraulique, deux chefs de service, des subdivisionnaires et des entrepreneurs se trouvent sous mandat de dépôt depuis plus de 10 mois. Les membres du comité des marchés de la wilaya ainsi que plusieurs entrepreneurs sont également sous contrôle judiciaire.