Le directeur régional des Douanes, l'inspecteur principal et son prédécesseur à ce poste ainsi que trois inspecteurs des Douanes - certains en poste, d'autres suspendus - ont défilé hier devant le tribunal correctionnel de Sidi M'hamed près la cour d'Alger, dans le cadre du procès de l'affaire des batteries ayant éclaté en 2003 au port d'Alger. Le ministère public a requis hier plusieurs peines allant de 6 mois à 3 ans de prison contre une dizaine de prévenus - la plupart des responsables des Douanes - dans l'affaire des batteries, pour participation et dilapidation de deniers publics et fausse déclaration. Ainsi, une peine de 3 ans de prison ferme assortie d'une amende de 200 000 DA a été requise contre Regue Benamar, actuel directeur régional des Douanes, 6 mois de prison ferme contre H. Baslimane, patron de la société Sofac, et le transitaire A. Bahlouli a écopé de 2 ans de prison avec sursis. En outre, une amende de 50 000 DA a été requise contre les inspecteurs Lakhneche et Sid Ahmed Missoum, 1 an de prison ferme et une amende de 50 000 DA contre les inspecteurs des Douanes Nacéra Boudan et R. Boudali. Le parquet a requis également l'application de la loi pour les inspecteurs A.Belagoun et Yamina El Asri ainsi que pour Youcef Basalem. Il s'agit en fait d'une histoire d'importation de batteries que le propriétaire de la société Sofac, H. Baslimane, par le biais de son transitaire, A. Bahlouli, lui-même ancien douanier, a présenté aux services des Douanes comme des kits destinés au montage. Cela lui donne droit au paiement de 15% des droits et taxes (au lieu de 30% pour un produit fini), alors que l'inspecteur liquidateur Dib El Hadi les a qualifiés de produits finis et donc a relevé une fausse déclaration sur l'espèce. Une infraction enregistrée sur le système informatique, mais qui n'a pu arriver au contentieux du fait que le dossier a changé de main sur « instruction » du chef de l'inspection divisionnaire, Regue Benamar, a-t-il déclaré. A la barre, ce dernier a accusé Torche, l'ancien inspecteur général, et M. Slimani, ancien directeur de la communication et chargé des relations avec la justice, d'« avoir monté de toutes pièces cette affaire dans le but de protéger la mafia des containers ». Il ajoute : « Ce sont Torche et Slimani qui dirigeaient l'administration douanière. Et lorsque je suis arrivé au port en tant que chef de l'inspection, ils ne l'ont jamais accepté. Les affaires que j'ai traitées en un laps de temps très court n'ont jamais été faites durant les quinze années précédentes. » M. Benamar a expliqué que les batteries importées par la société Sofac étaient des parties et non pas un produit fini. « Un contrôle a posteriori a montré que l'importateur a effectivement une usine de montage sophistiquée. Pourquoi s'amusera-t-il à importer des produits finis ? Dans cette affaire, il n'y a pas eu de contentieux », s'est-il interrogé. Une affirmation que l'inspecteur général des Douanes, M. Lahrech, a néanmoins contredit puisque, devant le tribunal, ce responsable, convoqué en qualité de témoin, a déclaré que les batteries de la société Sofac étaient des produits finis. « Nous l'avions su à la suite de l'installation de la commission d'enquête. » Information que Torche, ancien directeur de la sécurité et chef de cabinet par intérim, a confirmé. L'inspectrice N. Boudan a, quant à elle, révélé avoir opéré le changement dans la déclaration « sur instruction » de sa hiérarchie après que l'inspecteur Dib El Hadi eut refusé de le faire. A. Bahlouli, le transitaire, a, durant l'interrogatoire, soutenu qu'il s'agissait d'un problème personnel entre lui et Dib El Hadi, avec qui il a affirmé avoir eu un précédent, il y a quelques années. Dib El Hadi, l'inspecteur par qui le scandale est venu, a raconté avec force détail comment le dossier Sofac a été « traité après lui avoir été retiré parce que j'insistais sur le fait qu'il s'agissait d'un produit fini ». Il précisera : « J'ai alors été muté, interdit d'accès au service, puis suspendu de mes fonctions. » Pour la première fois, le représentant de la partie civile, l'administration douanière, a refusé de parler de « règlement de comptes au niveau des clans ». Il a juste demandé une réparation financière de l'ordre de 50 millions de dinars du fait du préjudice causé au Trésor public. Cette demande, a-t-il indiqué, concerne l'importateur et le liquidateur qui, selon l'avocat, sont les seuls responsables.