Saïd Sadi ne croit toujours pas à l'existence d'une volonté réelle du pouvoir de lutter contre la corruption. Pour le président du RCD, ces scandales qui secouent d'importantes entreprises publiques comme Sonatrach et de grands projets comme celui de l'autoroute Est-Ouest sont de la poudre aux yeux. « On tape à la périphérie. Les gros dossiers sont enfouis. Les grosses corruptions ne sont pas dévoilées », dénonce-t-il devant les cadres et militants du parti, rassemblés hier au club de presse El Moudjahid, pour célébrer le 21e anniversaire de la création du RCD. En bon connaisseur des rouages du système, M. Sadi voit en ces scandales révélés par la presse nationale une forme de confrontation clanique à laquelle il refuse que son parti prenne part. « Il y a un clan qui veut régler ses comptes avec l'autre. Qu'on ne nous demande pas de choisir notre camp », résume-t-il. Pour étayer ses propos, il affirme que les dossiers de corruption dont la presse parle aujourd'hui « étaient disponibles chez les services de sécurité. Ils avaient été mis sous le coude pendant des années. Si le but était réellement de lutter contre la corruption, pourquoi ne les a-t-on révélés qu'aujourd'hui ? » M. Sadi rappelle dans ce contexte les multiples interpellations faites, en vain, par les députés du parti au sein de l'Assemblée populaire nationale sur la corruption, notamment en ce qui concerne le méga-projet de l'autoroute Est-Ouest, le métro d'Alger et Sonatrach. Il estime ainsi qu'il est inconcevable qu'une entreprise aussi importante que Sonatrach soit gérée de manière opaque. La principale raison de la généralisation de la corruption est, pour M. Sadi, la centralisation : « La corruption est bel et bien la conséquence directe, mécanique et inévitable de cette centralisation » « Un centralisation qui n'est autre que le coffre-fort de la corruption », insiste-t-il. Le président du RCD ira plus loin en jetant le doute sur cette démarche gouvernementale engagée pour traiter les dossiers de corruption : « Je doute fort que cette démarche participe de la volonté de reconfigurer la scène politique pour plus de justice, d'égalité, de liberté et de transparence. » Revenant sur les idéaux défendus par son parti au cours de ses 21 années d'existence, M. Sadi tire un brin de satisfaction en affirmant que le temps a fini par donner raison au RCD. Il évoque dans ce sillage la laïcité et la régionalisation tant défendues par son parti et qui commencent, d'après lui, à être admises dans les cercles de ceux-là mêmes qui les ont toujours rejetées. Mais le premier responsable du RCD ne perd pas de vue ceux qui, selon lui, « œuvrent pour la pollution des débats », notamment celui concernant la régionalisation. M. Sadi explique ainsi que son parti revendique une décentralisation pour plus de pouvoir aux élus au niveau local, alors que « le pouvoir fait le contraire » en générant des « super-walis ». Plaidant pour le rajeunissant des rangs du parti par la formation de jeunes cadres, S. Sadi défend la trajectoire suivie par le RCD depuis sa création. « Ce n'est pas parce que nous n'avons pas pris le pouvoir que la formule est mauvaise », martèle-t-il, estimant qu'il y a encore de l'espoir tant que le peuple résiste à « un cocktail explosif, à savoir le jacobinisme, le stalinisme et l'extrémisme ». M. Sadi précise que le but du RCD n'est pas de prendre le pouvoir mais plutôt de « construire le pouvoir » pour assurer des lendemains meilleurs à l'Algérie.