La marche du RCD a été la première à s'ébranler, vers 10h30, de la maison de la culture Taos Amrouche en direction de la place Saïd Mekbel. Des centaines de manifestants de plusieurs régions de la wilaya brandissant les emblèmes national et berbère et des banderoles ont marché aux cris de «Pouvoir assassin», «Assa azekka, tamazight tella tella», «Algérie libre et démocratique» ou encore «Corrigez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe». Arrivée rond-point du 19 Mai, la foule a marqué une halte pour observer une minute de silence à la mémoire du couple Laribi, victime de la sauvagerie policière de 2001 en Kabylie, sous les airs d'Aghuru du défunt Matoub Lounès fusant à pleins décibels de l'emblématique cité CNS mitoyenne. Puis, direction place Saïd Mekbel pour une prise de parole, alors que ce lieu était aussi le théâtre du Festival du chant patriotique amazigh, une trouvaille de dernière minute des autorités pour faire de l'ombre aux activités commémoratives de la société civile. «Non à la récupération» Dans le calme, des dizaines de bambins mobilisés pour l'occasion sous un soleil brûlant ont cédé la place aux responsables du RCD qui ont fustigé, tour à tour, le pouvoir en place. Mouloud Deboub, président du bureau de Béjaïa, a ouvert le bal : «Nous dénonçons les tentatives de récupération et de folklorisation par le pouvoir du combat pour tamazight et le Printemps berbère», allusion faite au Festival du chant patriotique amazigh. Abondant dans le même sens, Athmane Mazouz, chargé de communication au RCD, dénonce «les tentatives de récupération par le pouvoir des dates symboles du combat pour tamazight», avant d'évoquer la révision de la Constitution qu'il qualifie d'«insulte au peuple algérien». Il fustige dans ce sens le caractère «secondaire» attribué à tamazight dans la Loi fondamentale du pays, appelant à une «officialisation effective de tamazight». L'orateur a, par ailleurs, répondu aux propos du ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali — qui avait déclaré, lundi à Tizi Ouzou, que «ceux qui vont marcher demain veulent la partition de l'Algérie» — en affirmant : «Nous ne voulons pas diviser le pays, nous voulons le construire.» De son côté, le MAK a mobilisé au moins 2500 manifestants à la marche à laquelle il a appelé du campus de Targa Ouzemmour vers la place Saïd Mekbel. Après avoir diffusé «l'hymne national kabyle» et observé une minute de silence à la mémoire des martyrs du Printemps berbère et du Printemps noir de 2001, une prise de parole a été animée par plusieurs cadres du Mouvement. Ils ont, à tour de rôle, chargé le «pouvoir colonial et arabo-baathiste d'Alger» duquel ils ont appelé à s'émanciper pour «une Kabylie indépendante, souveraine et laïque». Les orateurs ont par la suite dénoncé l'impunité pour les crimes commis par les services de sécurité en Kabylie en 2001, dont les auteurs «courent toujours». Par ailleurs, plusieurs dizaines d'étudiants agitant des drapeaux berbères ont organisé une marche distincte au niveau de la rue de la Liberté. Cette action se voulait à la fois une commémoration du Printemps berbère et un soutien aux combats des enseignants contractuels. Il convient de noter qu'un hélicoptère survolait la rue de la Liberté durant ces actions, qui se sont déroulées sans incident.