D'importantes quantités de psychotropes en provenance de Tunisie font l'objet, depuis quelques mois d'une vaste opération de lutte, dont le but est le démantèlement des réseaux et autres dealers de quartiers, qui se sont spécialisés dans ce nouveau trafic. «Nous sommes sur le qui-vive. De nouveaux produits pharmaceutiques vendus en pharmacie en Tunisie sont acheminés via des réseaux criminels pour alimenter le marché national et l'Est en particulier en psychotropes», a expliqué à El Watan le lieutenant-colonel Younes Bouzekri, commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Guelma, lors d'un point de presse organisé, lundi, au siège du groupement. «En effet, nous nous sommes rendu compte de ce phénomène lors de nos saisies et arrestations de dangereux criminels. La dernière en date, et la plus importante de l'année 2018 remonte au mois de septembre dernier où nous avions saisi plus de 5 621 comprimés de Lyrica et de Prégabaline à Oued Zenati. Nos investigations ont permis de découvrir que ce trafic de médicaments avait pour origine la Tunisie. Dans ce pays voisin, c'est un médicament qui n'est pas considéré comme un psychotrope. Les trafiquants le ramènent de ce pays et le revendent ici à Guelma et ailleurs», a-t-il expliqué. Si ce phénomène a pris de l'ampleur à Guelma, c'est qu'il y a une bonne raison, car le commerce de ce produit échappe à tout contrôle. «Lyrica et son générique Prégabaline ne sont pas des psychotropes, mais des analgésiques neuroleptiques très puissants. Associés à l'alcool, ils donnent des effets secondaires foudroyants pour les drogués», nous explique un pharmacien de la ville. «Face à cette situation alarmante, beaucoup de pharmaciens ont décidé de ne plus vendre ces produits ou du moins exiger une ordonnance», poursuit-il. Ainsi le trafic de Lyrica, un produit jusque-là ordinaire, fait parler de lui à Guelma. Bien évidemment, d'autres produits pharmaceutiques appartenant à la classe des psychotropes font aussi l'objet de trafic. «À ma connaissance, nos pharmacies sont sous contrôle rigoureux. Un registre coté et paraphé est mis à la disposition des pharmaciens. Cela permet aux services de sécurité en général d'avoir un œil sur cette vente réglementée», tient à préciser le commandant du groupement et de conclure: «mais probablement il pourrait y avoir des fuites».