Etrange silence autour du projet le grand port commercial du centre. «Comment peut-on annoncer un coût pour un projet, alors que son étude n'avait pas été faite ?» s'interroge un fonctionnaire du secteur des travaux publics ? C'est le cas du projet du grand port commercial du centre d'El Hamdania. Les initiateurs de cet important projet stratégique de l'Algérie avaient-ils tout étalé devant le Président concernant tous les détails, y compris l'impact présent sur l'environnement, chez les populations, les pêcheurs, les agriculteurs ? «J'en doute», déclare un expert du secteur des travaux publics. Dans ce cas, quels arguments avaient présenté ces initiateurs afin de faire signer par le président de la République un aussi important projet ? A la fin du mois de décembre 2015, le Conseil des ministres, présidé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait donné son accord pour la réalisation du grand port commercial à Cherchell, un projet qui a fait couler beaucoup d'encre. Les faits sont têtus. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ne cessait de déclarer devant les micros des médias algériens lors de ses visites officielles à l'intérieur du pays, que l'Algérie a décidé de construire le grand port commercial à l'ouest de Cherchell. En revanche, sur le papier, il était mentionné que le site du grand port commercial se trouve à l'est de Cherchell. Les citoyens «avertis» avaient remarqué cette incohérence autour de ce projet, entre les déclarations de Sellal et le directeur central du ministère des Transports. Le début des travaux de ce grand port commercial avait été annoncé en grande pompe pour la fin de l'année 2016, reporté ensuite pour le début de l'année 2017. La fin du 1er trimestre 2017 n'a rien fait apparaître. Actuellement, les carrières éparses de la wilaya sont en cours de recensement en vue de l'enrochement du port. Patrimoine Le Conseil des ministres ignorait totalement l'endroit où devait être construit ce grand port commercial-centre. Selon les chiffres officiels communiqués, ce port sera constitué de 23 quais, permettant le transit annuel d'un volume de 6,5 millions conteneurs et une quantité de 25,7 millions de tonnes de marchandises. Le coût initial du projet avoisine 3,6 milliards de dollars, sans que l'étude ne soit faite. Le délai de réalisation avait été fixé à 7 années. Les Chinois à l'affût de tous les projets en Algérie n'ont pas perdu leur temps. Les amis asiatiques exploiteront ce grand port commercial pendant une période de 35 années dès sa mise en service. Juste après la décision du Conseil des ministres (fin décembre 2015, ndlr), le 17 janvier 2016, face aux caméras, nos amis chinois signent une convention de partenariat avec les autorités algériennes pour «verser dans leur escarcelle» cet autre projet d'une envergure continentale. Le mégaprojet sera financé par les Chinois qui vont bénéficier par la suite de son exploitation dès sa mise en service, pour une période de 35 ans. Des zones industrielles seront créées. La compagnie maritime chinoise China Ocean Shipping Company (Cosco) a accaparée une concession de 35 ans en 2009 pour l'exploitation de 2 terminaux à conteneurs au port de Pirée (Grèce). Après la signature de l'accord à Alger, ce sera le tour du grand port commercial d'El Hamdania (Tipasa), dont le site, selon des éminents experts, n'est pas approprié pour abriter une infrastructure maritime d'une telle importance. Les Chinois disposent de toutes les latitudes pour s'étendre sur le continent africain à moindres frais, grâce à leurs attaches en Méditerranée (Pirée et El Hamdania). A ce jour, l'étude n'est pas encore ficelée. Au mois de septembre 2016, un bateau chinois effectuait la bathymétrie au large du site. Des directions de la wilaya de Tipasa avaient été saisies le 16 février 2016, afin de consulter un plan du port conçu par l'ex-ministère des Transports. Les travaux du grand port commercial El Hamdania aura des impacts désastreux sur les patrimoines culturels (21 canons du XVIe siècle immergés sur le site, maison du célèbre violoniste Iguerbouchène) ; environnemental (forêt, flore et faune marines, plages, criques) ; agriculture ; habitations ; axes routiers ; ressources halieutiques… Tous les textes de lois relatifs à la protection des zones du littoral et leur valorisation avaient été ignorés. Les initiateurs du projet n'avaient pas présenté les variantes aux hautes autorités du pays avant la prise de décision. L'Etat a regroupé 2 ministères en un seul. Tant mieux, si c'est pour épargner les pertes de temps pour les projets. Boudjema Talaï avait été désigné à la tête de ce super ministère des Transports et des Travaux Publics, afin de faire activer le chantier et les procédures inhérentes à ce projet du grand port commercial.