Même s'il se dit heureux et satisfait que «sur les 36 prévenus passés à la barre, je suis content que des innocents longtemps privés de leur liberté et humiliés, puissent recouvrer leur liberté injustement confisquée par un pouvoir aux abois», précisant que «15 d'entre eux ont été relaxés et 10, qui, ayant purgé leur peine, ont été libérés. Trois autres, qui devaient être libérés, sont poursuivis dans un autre dossier. Cela dit, je reste quand même frustré et même en colère qu'en 2017, en Algérie des gens puissent être mis en détention pour leurs opinions différentes de celles du régime en place». Revenant au Dr Fekhar, Salah Dabouz est convaincu que «les chefs d'accusation ont été requalifiés en délits et non pas en crimes et que l'accusé est jugé pour ses idées et son combat pacifique pour l'autonomie du M'zab». Il ajoute : «En tant que défenseur des droits de l'homme et membre d'Amnesty International, d'Human Rights Watch, Euro Med Rights et Front Line Defenders, il a le droit d'exprimer ses opinions politiques, de défendre la cause de sa communauté et donc les droits de la minorité amazighe.» Salah Dabouz déclare qu' «une correspondance commune de ces ONG de défense des droits de l'homme va être incessamment transmise au gouvernement algérien, exigeant l'abandon des poursuites contre Kamel Eddine Fekhar, qui est un militant des droits de l'homme mondialement connu, jugé sur la base de ses positions politiques ainsi que tous les détenus d'opinion en Algérie». Revenant sur les événements de Ghardaïa, Salah Debbouz affirme que «le régime algérien a laissé commettre des crimes affreux et refuse de procéder à l'arrestation de hauts responsables. Il continue de couvrir des criminels et refuse de les sanctionner». Pour rappel, Fekhar et 36 autres Mozabites, poursuivis dans une affaire liée aux événements tragiques de Ghardaïa, ont comparu à compter du 25 mai devant le juge de la cour criminelle de Médéa. De lourds chefs d'inculpation pesaient sur eux, notamment «atteinte à la sûreté de l'Etat», «atteinte aux symboles de la nation et de la République», «provocation d'effroi au sein de la population» et «création d'un climat d'insécurité», «atteinte morale et physique aux personnes en mettant en danger leur vie, leur liberté et leur sécurité», «atteinte au fonctionnement des institutions publiques et à la vie et aux biens de leurs agents». Graves chefs d'accusation faisant partie du contenu de l'article 87 bis du code pénal. Un collectif de défense constitué de 5 avocats de renom, à savoir Mokrane Aït Larbi, Mustapha Bouchachi, Salah Debbouz, Rafik Menasria et Abdelhak Mellah a été mobilisé pour assurer leur défense. Ainsi, au terme de deux procès qui ont tenu en haleine les observateurs nationaux et internationaux, et pour lesquels Kamel Eddine Fekhar a été condamné pour le 1er à 5 ans de prison, dont 18 mois fermes et 50 000DA d'amende, et pour le second, à 5 ans de prison, dont 2 ans fermes, et après avoir déjà purgé 22 mois de sa peine en détention provisoire, il lui reste encore à passer deux mois en prison, soit jusqu'au mois de juillet 2017 .