A en croire la famille, la personne assassinée était le sosie parfaite du « ressuscité » dont la présence jettera l'effroi dans la salle d'audience. Une affaire de meurtre parmi tant d'autres est traitée, rien de plus banal, par les assises d'Alger, sauf qu'au jour du jugement de l'assassin présumé, c'est la victime pourtant enterrée en bonne et due forme trois années auparavant qui se présenta à la barre, sans y être invitée, pour dire qu'elle était là et bien vivante. La famille du « mort-vivant », présente à l'audience, valida très vite ce témoignage surprise ayant elle-même pris connaissance de l'énorme méprise quelques jours auparavant. C'est que la personne assassinée était le sosie parfait du « ressuscité », à en croire la famille de ce dernier qui, au moment des faits, purgeait sagement une peine de prison pour vol, une situation embarrassante qu'il dit avoir cachée à son entourage familial « par honte et par pudeur ». C'est à sa sortie de prison qu'il apprendra de sa famille - dont on devine l'effroi et la stupeur de le voir en quelque sorte revenir de la mort - toute l'histoire dans laquelle il tenait, bien malgré lui, le rôle principal. Le plus intriguant dans l'affaire et qui donne une autre tournure à l'enquête est que les papiers d'identité du « mort-vivant » avaient été volés puis retrouvés sur la dépouille de la victime, ce qui avait tout naturellement conduit la police vers ses parents. Pourtant, à la vue du visage du cadavre, toute la famille, dûment convoquée pour la reconnaissance, l'avait reconnu formellement comme étant celui du fils adoré. « La ressemblance était frappante, j'étais loin de me douter que c'était juste le sosie de mon fils », raconte le père du revenant. « Nous avons procédé, moi-même et un membre de la famille, à sa préparation mortuaire, sa mère, ses sœurs et frères l'ont bien vu, ainsi que tous ses amis, et il n'est apparu à personne que l'on enterrait un parfait inconnu », poursuivit le vieil homme. Quant à l'assassin, il a été tout de même condamné au vu des charges retenues contre lui, de ses propres aveux et de l'intime conviction du tribunal criminel. Le fait que l'identité de la véritable victime n'ait pu être établie n'y changera rien.