Tunis De notre correspondant La crise libyenne n'est pas résolue, puisque 20 millions d'armes à feu sont encore entre les mains de la population», a expliqué Ghassen Salamé devant les ministres arabes des Affaires étrangères. «Toutefois, il n'y a eu que 5 décès et 12 blessés civils durant le mois de mars dernier», s'est-il repris, pour montrer que la sécurité s'améliore en Libye. L'envoyé spécial de l'ONU a présenté, de manière exhaustive, les divers aspects de la crise libyenne. Il s'est montré raisonnablement optimiste, en promettant des élections locales à partir de ce mois d'avril et parlementaires dès l'établissement d'un terrain d'entente avec les groupes armés. Ghassan Salamé a annoncé, depuis Dhahran en Arabie Saoudite, que le mandat de 75 conseils municipaux expirera en 2018 et que de nouvelles élections sont prévues, à partir de ce 28 avril, avec le scrutin de la ville d'Ezzaouia (50 kilomètres à l'ouest de Tripoli). Les autres suivront. Concernant les parlementaires et le référendum sur la Constitution, le problème est plus complexe, puisqu'il s'agit de scrutin national dans un pays ne disposant pas d'autorité centrale sur le territoire des élections. L'envoyé de l'ONU a dit soutenir l'Instance des élections. Il a exprimé sa satisfaction de voir le nombre d'inscrits sur les listes électorales évoluer de 31% de la population en âge de voter, en décembre dernier, à 55%, actuellement, ce qui dénote l'intérêt des Libyens à l'opération électorale. «En deux mois, il y a eu plus d'un million de nouveaux inscrits», s'est réjoui l'envoyé spécial de l'ONU. Pour ce qui est du référendum à propos de la Constitution, Ghassan Salamé a mis l'accent sur la complexité du processus. «S'il est vrai que le projet de Constitution est maintenant rédigé et approuvé par l'Instance légale, il lui reste les textes réglementaires, appelant au référendum, dont la tenue obéit aux mêmes conditions que les élections parlementaires, puisqu'il s'agit d'un scrutin national», a encore dit Salamé, pour expliquer la complexité de la situation libyenne, malgré l'éclaircie partielle. Tractations Sur le terrain, la situation est marquée par une certaine stabilité, permettant à tous les intervenants libyens de mieux se préparer aux prochaines étapes. Ainsi, le Conseil de l'Etat a renouvelé sa présidence, qui est passée de Abderrahman Souihli à Khaled Mechri. Le sortant est un Misrati, à mi-chemin avec les extrémistes du mufti Ghariani. Le nouveau, Khaled Mechri, est un dirigeant historique des Frères musulmans libyens, élu sous la bannière de leur branche politique le Parti de la justice et de la construction (PJC) aux élections de 2012 du Congrès national général. Le PJC est, en ce moment, favorable à la réconciliation avec l'Est libyen. Le président du PJC, Mohamed Saouen, vient de déclarer que «l'opération Al Karama de Benghazi a contribué à la lutte contre le terrorisme en Libye et que ses morts sont des martyrs», provoquant la colère des extrémistes, qui se sont opposés à cette opération, conduite par Khalifa Haftar. L'élection de Mechri veut dire que les Frères musulmans s'installent sur le devant de la scène à l'Ouest. Mais ont-ils un choix autre que la réconciliation ? A l'Est et en Libye, en général, beaucoup d'encre a coulé ces derniers jours concernant la santé de l'homme fort de l'Est libyen, le maréchal Haftar, qui s'est déplacé pour des soins à Paris. L'un des dirigeants des Frères musulmans, Abderrazek Arradi, avait même annoncé, vendredi, sur sa page Facebook, que Haftar était décédé et que les autorités françaises cachaient l'information, pour permettre à sa famille et aux autorités de l'Est libyen de se préparer. Mais, il a fallu un câble du secrétariat de l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, disant vendredi que Salamé a parlé au téléphone avec Haftar, pour faire baisser les enchères. Hier, des sources médicales à Paris ont confirmé que «la santé de Haftar évolue positivement et qu'il va bientôt quitter l'hôpital et rentrer en Libye».