La clôture de l'école primaire El Khansa, de la rue Hocine Belladjel (ex-Edith Cavell), à Alger, menaçait de s'écrouler. Bien sagement, on a fini par lancer un chantier salutaire pour les enfants et les passants. La destruction du mur d'enceinte s'est achevée et l'on s'apprête à construire le nouveau. Mais voilà que des ouvriers et des employés de l'école ont appris aux habitants du quartier que les arbres allaient suivre le même sort que le mur ! Il s'agit de deux immenses sapins dont l'âge dépasse le siècle au vu de leur taille et sachant que l'ancienne institution Milly pour filles, siège de l'école, a été construite en 1900. Ce couple d'arbres magnifiques fait face à l'entrée de la cathédrale du Sacré-Cœur, l'un des édifices précurseurs de l'architecture contemporaine mondiale. Situés devant la clôture, ils sont accompagnés derrière celle-ci d'un groupe d'arbres exotiques. Ce sont les derniers arbres de la rue qui était à l'origine Le Chemin d'Ecosse. Edith Cavell est une infirmière britannique fusillée par les Allemands durant la Première Guerre mondiale. Hocine Belladjel est un martyr de la guerre de Libération nationale. Ni l'un ni l'autre probablement n'auraient cautionné l'abattage de ces arbres qui ornent la rue dont ils ont successivement porté le nom. Au nom de quoi devrait-on accepter cet autre épisode de la désertification urbaine et de l'enlaidissement de la ville ? Le béton doit-il toujours l'emporter sur la nature ? Est-ce là surtout l'exemple que l'on veut donner aux petits élèves ? Comment pourraient-ils prendre pour autre chose que de la fumisterie les leçons sur la protection de la nature ? C'est un véritable crime en préparation que les habitants du quartier dénoncent en appelant à la commune, à la wilaya et au ministère de l'Education nationale.