Plus de 700 personnes ont participé au rassemblement contre le 5e mandat organisé cet après-midi à Ouargla, en réponse à l'appel anonyme entendu à travers le pays pour une mobilisation contre le 5e mandat. Les forces de l'ordre, pas vraiment visibles, ont préféré encadrer le mouvement en civil sans aucune intervention. Le suspense a évidemment plané jusqu'au bout sur la participation de cette ville emblématique par son engagement, dans une contestation sociale ininterrompue depuis plusieurs années. Beaucoup de discrétion ont empreint ce mouvement dont les prémices transparaissaient pourtant à travers les discussions et débats ouverts dans le monde virtuel ou des activistes sondaient l'opinion sur une éventuelle mobilisation. Au départ, un appel à une mobilisation en fin d'après-midi a circulé sur le net mais c'est finalement une cinquantaine de personnes qui se sont regroupées en premier dès 13h30 à la sortie de la prière aux alentours de la Casbah, à partir de la mosquée Hadj Aissa jouxtant la place de la rose des sables, mais aussi des quartiers alentours tel que cité Harkat, Gherbouz, Tazegraret etc… La manifestation était pacifique mais déterminée, brandissant l'emblème national bien en vue et scandant des slogans anti-pouvoir et dénonçant la corruption improvisée sur des feuilles blanches ou il était loisible de lire « Non au 5e mandat, le peuple est souverain », « Le peuple veut le changement » « Barakat Barakat, non au régime corrompu », « Ouyahia, le peuple sait tout », « Ni casse ni vandalisme ». La mobilisation s'est renforcée au fur et à mesure avec la multiplication à vue d'œil du nombre de participants par dizaines regroupant jeunes et vieux, activistes et simples citoyens, mais aussi et surtout plusieurs personnalités connues notamment le Pr Segni Laadjal, une des figures de proue du mouvement anti-gaz de schiste et animateur des universités populaires entre 2015 et 2016 au plus fort du mouvement écologique citoyen d'In Salah. Dans sa prise de parole le Pr Segni a souligné que « la présence massive et inattendue de ces citoyens est le nom d'une reprise de la souveraineté du peuple algérien sur son destin, aujourd'hui nous sommes tous là pour dire non au despotisme car le peuple algérien est et restera maître de sa décision ».Et d'ajouter : « Ici, à partir de Ouargla nous sommes venus pour le changement, non à la démocratie de façade, oui pour les droits de l'homme, oui pour la liberté, oui pour l'alternance au pouvoir ». Pour Ibek Abdelmalek, activiste du mouvement des chômeurs présent sur les lieux « c'est une manifestation spontanée qui démontre que la population est très réactive et a compris l'importance de ce moment historique, Ouargla est contre le 5e mandat et les jeunes sont là pour le dire ». La symbolique du lieu est aussi importante dans ce mouvement qui a marqué la journée du vendredi avec un rassemblement sur la place de la rose des sables qui a abrité la quasi-totalité des sit-in et protestations sociales organisées par la société civile à Ouargla partant du mouvement des chômeurs en passant par la coordination de la société civile qui organisé les trois plus grands rassemblements populaires de l'année 2018. Des rassemblements dont la principale caractéristique est la revendication sociale et politique pacifique, préservant les lieux et brandissant des slogans clairs exigeant un changement de cap.