Le nouveau rapport annuel du MROS laisse transparaître le nom de Hamid Melzi, ex-directeur des Résidences d'Etat Sahel (Club des Pins) et ex-PDG de la Société d'investissement hôtelier (SIH) et de SSDVA, trois prestigieuses sociétés immobilières sous le contrôle de la présidence de la République. Le mythe de la haute «rigueur morale» helvétique n'est, semble-t-il, toujours pas près de se déconstruire. Réputées pour leur inflexibilité sur la confidentialité des procédures menées hors de la Confédération, les autorités fédérales, comme le MROS (Money Laundering Reporting Office Switzerland), ce gendarme de la finance suisse, dans leurs rapports annuels respectifs, ne baissent jamais la garde sur tout ce qui relève du «secret de fonction». Mais, bien que l'on ait veillé scrupuleusement à ne rien laisser filtrer sur l'identité des personnes impliquées, morales ou physiques soient-elles, ni sur les pays concernés, l'Algérie pourrait bel et bien figurer parmi les cas les plus frappants, se rapportant à des communications de soupçons de blanchiment d'argent que le MROS a reçues et traitées en 2018. Par ces exemples concrets, une vingtaine, le MROS cherche à mettre en lumière les nouvelles tendances et les méthodes utilisées aux fins de blanchir des fonds de provenance criminelle présumée. Décryptées, les données «codées sur une affaire de financement par des fonds étatiques» d'un mégaprojet hôtelier à l'étranger, révélées dans le nouveau rapport annuel du MROS laissent transparaître le nom de Hamid Melzi, ex-directeur des Résidences d'Etat Sahel (Club-des-Pins) et ex-PDG de la Société d'investissement hôtelier (SIH) et de SSDVA, trois prestigieuses sociétés immobilières sous le contrôle de la présidence de la République. Ces révélations laissent également planer l'ombre des deux promoteurs, émirati et libanais, privilégiés du clan vampire et de son homme de main Melzi. D'autant que, comme indiqué dans le document de l'organe fédéral de lutte contre le blanchiment d'argent, «les acteurs principaux de cette affaire entretiendraient des liens étroits avec le milieu politique national, en particulier avec le président de cet Etat». Abus d'autorité Les faits : dans le cadre de la revue périodique d'un compte, un intermédiaire financier s'est intéressé aux relations d'affaires ouvertes avec deux entrepreneurs qui seraient, par le biais de plusieurs sociétés de domicile, les ayants droit économiques à 100% d'une société opérationnelle active à l'étranger. Depuis 2013 environ, cette société aurait reçu la majorité de ses mandats d'une entreprise étatique domiciliée dans le même pays. Il s'agit de plusieurs contrats relatifs à divers projets étatiques stratégiques importants qui auraient rapporté plusieurs milliards d'euros à ladite société entre 2014 et 2016. Les deux entrepreneurs, toujours d'après le document suisse, n'étant pas des ressortissants du pays où sont domiciliées la société privée et l'entreprise publique. L'intermédiaire financier a constaté que les relations d'affaires signalées avaient été utilisées à de nombreuses reprises entre 2013 et 2016 pour effectuer des transactions de passage. Selon les informations obtenues auprès des clients, ces transactions étaient liées au financement d'un projet hôtelier dans leur pays d'origine. Le président du comité directeur et le PDG de l'entreprise étatique B, posséderaient indirectement certains des hôtels et des villas impliqués. Aussi, il est prétendu que les deux entrepreneurs auraient contribué à faire sortir du pays l'argent de l'entreprise étatique par l'intermédiaire de leur société afin de le détourner et de l'investir dans le projet hôtelier. A la demande du MROS, la CRF du pays d'origine des deux entrepreneurs a indiqué qu'aucune instruction pénale n'était certes en cours à leur encontre mais qu'elles avaient, néanmoins, fait l'objet de recherches de sa part, dont les résultats avaient été transmis à l'autorité de poursuite pénale compétente. La consultation par le MROS des sources publiques a toutefois confirmé que les informations fournies par l'intermédiaire financier étaient correctes. Le MROS s'est en outre procuré d'autres justificatifs auprès de l'intermédiaire financier dans le cadre d'une analyse approfondie des transactions. Ce qui a conforté les limiers du MROS dans leur conclusion selon laquelle «les transactions de passage avaient effectivement eu lieu durant la période où les contrats des projets étatiques avaient été attribués et où le projet hôtelier susmentionné avait été lancé». Etant donné que les faits pouvaient être liés à de l'«abus d'autorité» ou à de «la gestion déloyale des intérêts publics», la communication a été transmise à l'autorité de poursuite pénale compétente qui a ouvert une procédure, toujours en cours. Pour en savoir un peu plus, nous avons tenté de joindre le boss du MROS, lequel a toujours répondu à nos sollicitations. Mais cette fois-ci c'était sans succès. L'on nous apprendra que Dr Stiliano Ordolli n'était plus à la tête de l'organe fédéral de lutte contre le blanchiment d'argent, et ce, depuis fin novembre 2018. Il faudra attendre l'installation officielle de son remplaçant qui devrait intervenir vers la fin de l'été prochain pour que soient percés tant et tant de secrets.