– Vous avez suspendu la production au sein de votre entreprise depuis plus de 15 jours. Pouvez-vous nous en donner les raisons ? C'est un congé annuel, par anticipation, que nous avons accordé aux employés de l'entreprise. Pour l'instant, on attend d'un moment à l'autre les décisions du ministre de l'Industrie, c'est une question de jours, pour reprendre la production. Seulement, il est important de souligner que le problème majeur de l'Eniem, actuellement, est le blocage de l'utilisation des crédits par la banque. Cette dernière ne nous donne plus de crédits, même pour l'exploitation et les approvisionnements. C'est un problème qui risque, au plus tard dans deux mois après la reprise des congés, la paralysie totale de l'Eniem, voire une menace sur la pérennité des emplois. C'est là le problème le plus épineux. Le cas de l'autorisation, je pense qu'elle est liée à la conjoncture que vit notre pays. Je sais que cet obstacle peut être résolu incessamment. Le problème le plus épineux, c'est la continuité de l'activité de l'Eniem, qui sera remise en cause dans les prochains mois. On nous a bloqué toute possibilité d'achat. Nous allons épuiser la matière première que nous avons achetée et nous allons rester sans rien faire. Les importations et même le payement de nos fournisseurs sont bloqués aussi par la banque. Nous ne comprenons pas cette situation. – Quelles sont, selon vous, les répercussions de cet arrêt de production sur l'entreprise ? Les répercussions de cette situation est la perte d'emplois, s'il y a encore blocage. Nous serons obligés d'aller vers un congé technique et un plan social. Tout est prêt sur la table. Nous n'allons pas ramener les gens à rester du matin au soir, à l'intérieur de l'entreprise, sans rien faire. C'est la logique des choses. On risque la disparition totale de l'Eniem. – Comment voyez-vous l'impact de ce blocage sur l'économie nationale ? Bien sûr, sur le plan économique, la situation a un impact important. C'est le climat social de la région. L'Eniem emploie 1800 travailleurs directs et sans compter les emplois indirects que génère cette entreprise qui était fleuron de l'industrie nationale. – Avez-vous entrepris des démarches pour résoudre le problème lié au renouvellement de la licence d'importation CKD par les autorités compétentes ? Nous sommes allés au ministère de l'Industrie, où les responsables sont sensibles à la situation que vit l'Eniem, mais ils ont aussi leurs contraintes avec tout ce qui se passe ces derniers mois dans notre pays. Nous avons fait le nécessaire pour résoudre le problème mais, nous comprenons la situation, car nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. C'est une question nationale qui se pose pour toute l'industrie du pays. Je trouve que c'est évident avec les dossiers et les scandales qui éclatent pratiquement chaque jour, ces dernières semaines. Il y a, peut-être, une remise en cause de la pratique au niveau du ministère. D'ailleurs, c'est le moment pour revoir beaucoup de choses. C'est vraiment nécessaire, justement. – L'Eniem a bénéficié d'un plan de mise à niveau il y a quelques années. Ce programme a-t-il permis à l'entreprise de retrouver sa place sur le marché ? Oui, l'Eniem a bénéficie d'un plan d'assainissement et de mise à niveau, en 2012. Mais, il faut dire que ce qui est inscrit dans le plan de développement de notre entreprise n'est pas consistant. C'est la mise à niveau des équipements, c'est-à-dire la réparation d'un matériel vétuste. Il n'y a pas eu de projets neufs. L'équipement est dépassé. Notre produit aussi. On aurait dû remettre à neuf tout le process et envisager plus d'intégration. Nous espérons que la situation s'améliorera au sein de l'Eniem. Il y a un moyen de développer les choses au sein de l'entreprise, car il y a une ressource humaine et un savoir-faire dans la région. Nous pouvons faire beaucoup de choses aussi. Cela dépend, d'ailleurs, des changements de pratiques pour encourager les professionnels de l'industrie.