La salle feutrée du théâtre Malek Bouguermouh a renoué avec le septième art. Il y avait du beau monde, ce samedi soir, à l'ouverture des rencontres cinématographiques organisées par l'association Project'heurts. Un aréopage, artistiquement parlant, très coloré : le monde du cinéma et des cinéphiles, mais aussi celui de la plume, des artistes, des militants de la société civile, des représentants de l'administration locale… La 8e édition des Journées cinématographiques de Béjaïa aura valu par l'affluence pour son premier jour. Ce qui n'a pas manqué d'envelopper d'une pointe d'émotion le discours d'ouverture prononcé par Abdenour, celui qui, sans conteste, garde une main généreuse sur la manivelle de Project'heurts. Une « petite » association, comme il a aimé modestement l'appeler et qui essaie de « faire voir du cinéma au quotidien ». Toutefois, une association qui a eu le mérite de « sortir des films des tiroirs » dans une période de vaches maigres qu'a traversée notre cinéma, a eu à le souligner, durant la même cérémonie, Béchir Raïs, le producteur de Voyage à Alger. Pour situer l'esprit des thématiques choisies pour la présente saison, celui-ci, en résumé, tourne autour du cinéma qui « se pose des questions » sur les sociétés qu'il figure en arrière-plan. Autres critères, l'option des formes esthétiques et philosophiques mises en appel. Le programme a puisé dans les filmothèques maghrébine, française et belge. La première soirée a, en prime, passé Le Dernier Passager, dernier court métrage de Mounes Khemar, où le personnage principal, sobrement interprété par Mohamed Bouchaïb, est agité par des relents défaitistes et suicidaires, socialement et de tempérament coupé de son environnement. Le film est épicé par la participation d'une palette d'acteurs algériens connus (Larbi Zekal,…) et suivi de la projection du dernier film de Abdelkrim Bahloul, Voyage à Alger. Un flash-back autobiographique. On est dans les premières années de l'indépendance. Le réalisateur apporte, au-delà de son propre récit, un témoignage sur l'âpre combat mené, dans un environnement souvent antagonique et sous le regard de l'un de ses fils, par une femme qui a perdu son mari lors de la guerre.