Le nouveau pas franchi par l'Etat hébreu dans sa politique belliqueuse, à travers l'attaque criminelle de la « flottille de la Liberté » par des commandos de l'armée israélienne dans les eaux internationales, aura-t-il des conséquences sur la poursuite du processus de paix israélo-palestinien interrompu en décembre 2008 à la suite de l'agression israélienne contre Gaza ? L'autorité palestienne, qui a donné son feu vert pour la reprise des pourparlers indirects dits « de proximité » entre palestiniens et israéliens sous l'égide des américains, apparaît bien embarrassée à la suite de ce nouvel acte de terrorisme d'Etat qui balaie les timides initiatives enregistrées depuis quelques semaines, avec la reprise du ballet diplomatique dans la région sous la houlette de l'émissaire américain Georges Mitchell. Les pourparlers indirects portent sur des dossiers-clés qui sont au centre de tous les enjeux du conflit israélo-palestinien, tels que les dossiers des colonies juives, du statut d'El Qods, des frontières, du retour des réfugiés, des prisonniers et d'autres. Les américains s'étaient félicités, à l'issue de la première série des pourparlers, que « les deux parties fasse certains gestes qui contribuent à créer une atmosphère favorable à des pourparlers réussis » avertissant, néanmoins, que « si l'une ou l'autre des parties prenait des mesures durant ces pourparlers qui, de notre point de vue, saperaient gravement la confiance, nous réagirions en les tenant pour responsables, afin de faire en sorte que les négociations continuent ». Nous sommes bien aujourd'hui dans ce cas de figure. Encore une fois, les israéliens viennent de faire la démonstration éclatante, devant la communauté internationale, que la paix pour le gouvernement israélien, de quelque obédience politique qu'il soit, n'est rien d'autre que la continuation de la guerre par d'autres moyens pour reprendre Clausewitz. Les américains, qui encadrent la reprise des pourparlers entre les deux parties, se contentent, pour leur part, comme à leur habitude, de dénoncer du bout des lèvres les violations des lois internationales par Israël en appelant à la mise en place d'une commission d'enquête qui subira, ils le savent bien, le même sort que la commission d'enquête internationale sur l'agression de Ghaza. Pas plus que durant le génocide perpétré par l'armée israélienne à Ghaza, nul doute que ce nouveau dossier, pourtant accablant contre Israël, sera lui aussi classé sans suite. Et c'est paradoxalement l'autorité palestinienne, qui aurait pu et dû exploiter cet événement tragique pour peser dans les pourparlers, qui adopte un profil bas en annonçant lundi par la voix de Abbas Mohamed Ishtayeh, conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas « qu'il n'était pas nécessaire de quitter les négociations, car les palestiniens dialoguent avec les Etats-Unis mais pas avec Israël ». Le président de l'autorité palestienne a pris cette décision après avoir rencontré de hauts responsables de l'Organisation de libération de la palestine. Le gel durant 18 mois des négociations directes entre palestiniens et israéliens, à la suite de l'agression israélienne contre Ghaza, ne semble pas avoir produit au plan politique et diplomatique les effets escomptés par l'autorité palestinienne qui paraît s'accrocher à la reprise laborieuse des pourparlers indirects, comme on s'accroche à une bouée de sauvetage. Cela, pour obtenir quelques concessions de la part d'Israël dans la foulée de ces discussions dont, particulièrement, sinon la levée du moins l'assouplissement du blocus contre Ghaza. La décision de renouer le dialogue avec Israël est vivement controversée dans les rangs palestiniens. Le mouvement islamiste, Hamas, qui est étroitement associé à l'initiative de l'organisation de la « flottille de la liberté » destinée à briser le blocus de Ghaza a condamné le lancement des pourparlers. « C'est une échappatoire pour le gouvernement de Netanyahu qui traverse une grave crise », a analysé un porte-parole du mouvement islamiste, Fawzi Barhoum. Encore une fois l'histoire vient de donner raison à ce mouvement qui refuse de déposer les armes contre Israël au regard du processus de paix tel qu'il est engagé.