Des parents d'élèves de l'école primaire Keciri d'Azazga ont fait part de leur stupeur, la semaine dernière, après qu'ils aient pris connaissance du rejet par l'APC de la demande d'agrément de leur association (de parents d'élèves) déposée auprès du bureau du maire en décembre 2018. Soit presqu'un an, pile poil, après le dépôt de la requête. Les initiateurs de l'association, essentiellement des parents d'élèves de condition modeste, ne se montrent pas surpris outre mesure par le refus qui leur a été signifié. Pour eux, c'est normal, car pour les associations locales, c'est la collectivité territoriale de base qui délivre l'agrément. Mais ils ne s'arrêtent pas là et citent un point de la réglementation stipulant qu'«en cas d'absence de réponse de l'administration après un certain délai, l'association est de facto considérée comme agréée». Ces citoyens, agissant dans le cadre de ce qu'ils croyaient être une simple et noble mission de service public, appelée à activer dans l'intérêt de leurs enfants scolarisés, ne sont pas au bout de leur déconvenue après neuf mois d'attente angoissée. Quelqu'un de scrupuleux, probablement du corps de l'administration locale, aurait finalement pris sur lui de les informer que leur «demande a été rejetée en raison des réserves émanant du secteur de l'Education nationale». «Devons-nous agir dans un cadre non organisé, alors que notre objectif est de travailler en conformité avec les lois et règlements» ! ? En tout cas, on aura tout vu dans cette région de Kabylie sans problèmes majeurs et très impliquée dans le mouvement associatif. Si des responsables du secteur mettent des bâtons dans les roues, qui prendra alors en charge les difficultés et problèmes d'une population réticente à solliciter chaque fois les autorités locales ? Rien d'autre à dire, cette situation n'est pas normale et serait peut-être révélatrice de dysfonctionnements administratifs : point barre ! Sur les gestions locales et les missions des élus légitimés par des élections non entachées, il y aurait beaucoup à dire. Et il suffit de suivre au jour le jour ce qui défraie la chronique à Annaba en ce moment, pour évaluer la force de l'emprise des lobbies et des réseaux sur les richesses de la région. Et de rôle de spectateur auquel sont réduites les assemblées territoriales, APW et APC, que l'Etat dit vouloir hisser au rang de chevilles ouvrières du développement local. Si une simple demande d'agrément d'association, à but strictement caritatif et d'aide aux enfants scolarisés, en provenance d'un village démuni s'expose aux réticences de l'administration locale, alors comment tisser l'indispensable lien entre les parents soucieux du devenir de leur progéniture et les enseignants disponibles pour s'investir au service de leurs concitoyens ? C'est le philosophe et islamologue Mohamed Arkoun, décédé en septembre 2010, qui, un jour, a fait cette réponse à des doctorants qu'il encadrait à La Sorbonne : «Les Kabyles sont des gens comme les autres.» Autrement dit, ni suprémacisme ni statut particulier, rien que des citoyens bénéficiant des mêmes droits et soumis aux mêmes devoirs que le reste de leurs compatriotes. Bien vrai ! Mais encore faut-il que tout le monde le comprenne ainsi. Beaucoup d'efforts restent à faire dans cette voie. Sinon, pourquoi embastiller des jeunes manifestants au seul motif de porter un maillot sportif à l'effigie du club phare de la Kabylie, la JSK ? Heureusement pour ces jeunes, mais aussi pour l'institution judiciaire, les trois manifestants du hirak ont été libérés le 29 septembre après avoir été auditionnés par la justice. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), deux manifestants étaient poursuivis pour «port de drapeau amazigh» et le troisième pour avoir porté… le maillot de la JSK, une équipe de football tout ce qu'il y a de national. Ouf…