Témoins de cette époque, des universitaires ainsi que des citoyens sont revenus sur ces événements, en narrant des faits que les vingtenaires et trentenaires n'ont pas vécus. Le 31e anniversaire des événements de 5 Octobre 1988 n'est pas passé sous silence à Constantine. Il n'y a pas eu de marche, mais son évocation a supplanté les sujets habituels abordés lors des forums hebdomadaires. Cette date symbole de la révolte citoyenne a été évoquée et débattue. «Un prélude au hirak», feront remarquer certains observateurs. Témoins de cette époque, des universitaires ainsi que des citoyens sont revenus sur ces événements, en narrant des faits que les vingtenaires et trentenaires n'ont pas vécus. «Plus de 30 ans après Octobre 1988, peut-on évaluer cette révolte que les jeunes ont portée à bras-le-corps ? Certainement. Mais a-t-on acquis une véritable démocratie, une justice sociale, une indépendance de la justice et une liberté d'expression ?» s'est demandé un universitaire, tout en soulignant la répression, les interpellations et les mises en détention de manifestants depuis l'avènement de la dynamique du 22 Février. Et de rappeler que le processus démocratique enclenché à l'issue de ces événements tragiques n'était en fait qu'une façade, le citoyen n'y était pas impliqué. L'assistance, notamment les plus jeunes, fera des parallèles entre ces événements et le mouvement populaire actuel. Un raccourci, dira un autre intervenant, qui précisera toutefois que dans un cas comme dans l'autre, les Algériens se sont soulevés pour leur dignité. D'ailleurs, des pancartes et des banderoles brandies lors du 33e acte de la mobilisation ont dévoilé une réalité presque immuable entre les deux «soulèvements».Trois décades séparent l'un de l'autre et les similitudes entre les aspirations citoyennes sont palpables. «Deux générations se sont soulevées, et eux s'accrochent toujours à leur pouvoir», dénonce un écriteau. «5 Octobre 1988-5 octobre 2019 : nous sommes toujours là», peut-on lire sur un autre. «Qu'en est-il des avancées et réformes post-Octobre 1988, dont le pluralisme politique et la liberté de la presse ?» est-il permis de s'interroger. «La réponse réside dans le fait que nous occupons toujours la rue», rétorque un irréductible du hirak, recommandant dans la foulée à des jeunes manifestants quelques ouvrages et écrits historiques autour des événements en question. «Le système utilise les mêmes pratiques pour miroiter au peuple une sortie de crise via les élections du 12 décembre. Ne le laissons pas faire. Il est l'heure pour le hirak de s'imposer en tant que force de proposition», est-il suggéré.