Les �v�nements d�octobre 1988 sont-ils le r�sultat d'un complot mis en �uvre par certaines forces au sein du pouvoir ? Comment les islamistes ont r�ussi � r�cup�rer le mouvement ? Pourquoi les courants politiques de l��poque, hors FLN, ont �chou� dans l�accompagnement de ce mouvement populaire ? Autant de questions soulev�es avant-hier lors d�une conf�rence-d�bat organis�e au si�ge national du MDS � Alger autour des �v�nements d�octobre 1988. Une conf�rence-d�bat � laquelle ont pris part des militants politiques, des syndicalistes, des victimes de ces �v�nements, des femmes, etc. Aujourd'hui, de nombreux politiques et universitaires s'accordent � dire qu'Octobre 1988 est le r�sultat d'un complot mis en �uvre par certaines forces au sein du pouvoir. D'autres estiment que c'est essentiellement le r�sultat d'un mouvement social. Quoi qu'il en soit, comme l'explique le chercheur Li�s Boukra� et repris par plusieurs intervenants lors de cette soir�e, "tous les ingr�dients d'une explosion sociale �taient pr�sents. Octobre est la r�sultante d'un conflit non tranch� au sommet de l'Etat et de ses appareils". Une des principales retomb�es des �meutes d'Octobre est la fin du syst�me du parti unique. Pour d�autres, le contexte international �tait porteur. �La chute du mur de Berlin et l'�viction des partis uniques dans les pays de l'Est ont donn� une signification et une cr�dibilit� aux revendications des organisations alg�riennes. Les journalistes et les militants des droits de l'homme ont mis le pouvoir devant la n�cessit� de se r�former. La nouvelle Constitution, adopt�e le 23 f�vrier 1989, reconna�t pour la premi�re fois depuis l'ind�pendance le multipartisme, les libert�s publiques, la libert� d'expression et le droit de gr�ve�, explique-t-on. Mais il n�en demeure pas moins que les deux principales questions soulev�es par les participants sont celles relatives � l�entr�e en sc�ne des islamistes, qui ont r�ussi � r�cup�rer le mouvement et l��chec des forces politiques de l��poque dans l�accompagnement de ce r�volte populaire. A ce propos, tout le monde s�accorde � dire que �la r�ussite des islamistes a eu lieu gr�ce � la complicit� du pouvoir qui a jou� la division pour demeurer et ne pas rendre compte de ses agissements. Mais aussi du fait que les forces de l��poque n�avaient pas compris les enjeux de ces �v�nements, contrairement aux islamistes qui ont saisi cette opportunit� pour d�velopper un discours radical anti-pouvoir�. �En ma qualit� de militant du PAGS de l��poque, je n�ai re�u aucune orientation de ma direction pour accompagner ou suivre la r�volte. La seule directive qui nous a �t� donn�e est celle de br�ler et faire dispara�tre tous les documents en notre possession et de ne laisser aucune trace de nos activit�s. Il est vrai que lors de ces �v�nements la r�pression battait son plein sur les militants de droits de l�homme�, explique Ahmed Badaoui. Il ajoutera par ailleurs qu��avant l�explosion d�octobre 1988, il y avait un pic dans le mouvement social. Les situations socio�conomiques de l��poque avaient longuement pes� sur le d�roulement des �v�nements�, concluant que �si le 5 Octobre �tait un s�isme d�une grande ampleur, ses r�pliques sont toujours l� � travers les diff�rents contestations sociales et autres r�voltes citoyennes enregistr�es ici et l�. Un autre intervenant s�est interrog� pour sa part : �Pourquoi y a-t-il aujourd�hui recul dans les acquis d�Octobre ?� La question m�rite d��tre pos�e. Tant�t on �voque la tactique obscure des groupes et des clans qui d�clench�rent la crise sociale, tant�t on met en question le jeu du pouvoir en place, tant�t on s'efforce de discerner les desseins nourris, dans l'ombre, par les dirigeants islamistes. Rien de plus naturel que de chercher � savoir et � comprendre ce qui s'est pass�. Mais l� n'est pas l'essentiel : c'est une r�flexion politique qui s'impose avant tout. La question qui se pose aujourd�hui, pourquoi y a-il recul dans l�exercice d�mocratique ? C'est dire qu'apr�s octobre 1988, un formidable champ d'action s'est ouvert devant les forces politiques et sociales qui avaient pour vocation de d�fendre et d'�tendre les libert�s. Mais �taient-elles plus unies ? Mieux pr�par�es ? Mieux organis�es et dirig�es ? Capables de peser massivement sur le cours des �v�nements ?� s�est-on interrog�. Il n�en demeure pas mais que le constat a �t� fait, d�o� l�urgence de passer � l�acte et de s�approprier de nouveau les acquis d�Octobre 88. Abder Bettache