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Lille, une île musulmane loin des berges judéo-chrétiennes Le colloque sur l'islamophobie boycotté par les médias, les officiels et les représentants des religions
L'Occident agresseur a brillé par son absence dans des débats pourtant très intéressants. Lille (France) De notre envoyé spécial Comment lutter contre la haine de l'Islam et du musulman dans les sociétés occidentales ? Que faut-il faire et quels moyens mobiliser pour contrer ces campagnes, notamment à travers les médias ? Ce sont les principales questions auxquelles les participants au 4e colloque international sur l'islamophobie ont tenté d'apporter des réponses. Tout le monde est d'accord pour dire que les attaques sont totales et les répliques devraient l'être également. C'est pourquoi les participants venus des quatre coins du monde ont mis l'accent sur la nécessité d'associer les intellectuels du monde musulman et les centres de recherche islamiques pour répondre de manière « rapide et intelligente » à ces campagnes récurrentes visant à entacher l'image de l'Islam dans le monde occidental. Un postulat : les intervenants ont souligné que les réactions violentes, comme on en voit dans les pays musulmans à chaque fois que la Palestine ou la religion musulmane sont attaquée, nuisent plus qu'elles ne font du bien à la cause de la « Ouma ». Les musulmans d'Europe et du monde occidental semblent en tout cas vouloir sortir des réactions archaïques et épidermiques de leurs coreligionnaires au monde arabe. La stratégie se propose comme cela : ni la carotte ni le bâton. Docteur Bechari, président de l'Institut Avicenne des sciences humaines (IASH), a insisté hier sur le rôle-clé des centres de recherche sur l'Islam en Occident dans la diffusion de la vraie image de la religion. Ces centres devraient prouver que l'Islam et les musulmans sont parfaitement « solubles » dans la société occidentale tout en gardant leurs spécificités. Ces centres doivent, pour ce faire, garantir un « accès facile » à la documentation sur l'Islam et la civilisation musulmane, y compris aux non-musulmans et offrir des formations et des stages « à toute personne désirant approfondir ses connaissances sur l'Islam ». L'objectif étant de décliner une religion de tolérance et d'humanisme loin de l'image stéréotypée d'un « Islam terroriste » et « misogyne » diffusée en boucle sur les télés occidentales qui noircissent les pages des journaux. Parallèlement à ce travail institutionnel, le colloque a invité les participants à réfléchir sur le rôle des intellectuels musulmans qui vivent en Occident pour corriger l'image dégradante de leur religion. Ce thème, qui a eu droit à un atelier, a fait un constat qu'il y a « rupture entre les deux mondes, occidental et arabo-musulman. Le résultat étant que l'islamophobie a donné naissance à une « occidentophobie ». Les intellectuels sont donc appelés à établir les passerelles entre les deux mondes pour une coexistence pacifique. Un monologue entre amis La même exigence a été formulée, s'agissant des médias dont il faudrait créer des liens entre les professionnels des deux mondes pour aboutir à une « détente ». Mais sur ce plan, force est de relever que la bataille est loin d'être gagnée, quand on sait que seule la radio RFI a daigné dépêcher une journaliste à Lille pour couvrir le colloque. Même la presse régionale n'a pas jugé utile de faire un tour à l'Ecole supérieure de journalisme. L'atelier sur les mesures d'action des médias, pour contrer les campagnes d'islamophobie, qui a été particulièrement riche en échanges et en propositions, s'est vite transformé en un monologue entre journalistes de confession musulmane… Ce constat vaut hélas pour tous les ateliers, tant l'Occident « agresseur » a brillé par son absence. Seuls quelques conseillers municipaux et un délégué du ministère français de l'Intérieur – pour des raisons évidentes – ont pointé le nez. Mme Martine Aubry, annoncée hier après-midi, n'est finalement pas venue. Certaines confidences disent que « c'est un peu délicat pour elle ». En revanche, un eurodéputé a assisté hier à un workshop spécial dédié à l'affaire du scanner dans les aéroports. Le colloque sur l'islamophobie a été clôturé plus tôt que prévu, les participants ont été priés de plancher sur l'histoire du scanner à la demande du... Parlement européen ! Une prestation de service qui a dû plaire au député européen, tout content de n'avoir pas été contraint d'assister au colloque politiquement incorrect. Il faut noter également que les représentants de l'Eglise et le rabbin, invités par l'IASH, n'ont pas fait le déplacement. Au final, Lille a été l'espace de deux jours l'île musulmane, loin des côtes de l'Occident judéo-chrétien.