Il a été recommandé la création d'un fonds islamique européen chargé de financer les programmes médiatiques et les activités des relations publiques visant à lutter contre l'islamophobie. Lille (France). De notre envoyé spécial Le 4e colloque international sur l'islamophobie a clôturé ses travaux hier à Lille (France) plutôt sur une bonne note, puisque un officiel français – enfin – a pointé du nez au siège de l'Institut Avicenne. Mais ce fut juste pour la photo de famille avec ces musulmans d'Europe qui se bousculaient pour poser à ses côtés. Mais au-delà de ce moment qui nous rappelle que nous sommes bien sur le sol français, l'élu du PS était surtout venu récupérer le rapport des participants sur l'affaire du scanner dans les aéroports demandé par le Parlement européen pour examiner la question prochainement. En effet, les travaux du colloque étant bouclés la veille, les participants ont été invités, hier matin, à « scanner » la question avant que l'eurodéputé ne vienne prendre le rapport final. Les vingt commandements L'invité d'un jour qui est également le collaborateur de la maire de la ville, Martine Aubry, s'est évidemment excusé pour sa patronne qui ne pouvait pas venir comme annoncé. Le directeur de l'Institut Avicenne a glissé – sans doute par inadvertance – que la première secrétaire du parti socialiste « était occupée par les débats au sein de son parti sur les élections primaires en prévision de la prochaine présidentielle 2012 ». On l'aura compris, la présence de Mme Aubry au colloque sur un thème aussi encombrant, voire détestable qu'est l'islamophobie en Europe, pouvait lui attirer des ennuis avec ses supporters qui n'apprécieraient pas forcément « ces liaisons dangereuses ». Au final, ce colloque, au demeurant riche en enseignement, se sera tenu à huis clos, comme l'aurait certainement souhaité les autorités françaises et approuvé par les organisateurs. Ces derniers ne pouvaient protester contre un pays qui leur offre moyens et hospitalité et, par-dessus tout, sont de nationalité française. Il y a donc ce souci de garder de bons contacts avec les autorités du pays d'accueil pour se voir offrir de bonnes opportunités et pourquoi pas, voir s'ouvrir les portes d'un destin politique chez la deuxième « mère patrie ». Pour les nombreux participants venus des autres pays d'Europe, mais surtout des pays arabo-musulmans, ils se sont creusé la cervelle pour tenter de comprendre le phénomène de l'islamophobie et trouver les moyens d'aboutir à une coexistence pacifique avec leurs compatriotes des pays d'accueil. Pour ce faire, une série de recommandations -20- ont été adoptées au terme de deux journées de travail sans relâche. On retiendra notamment l'appel lancé à l'Organisation islamique pour l'éducation, la science et la culture (ISESCO) d'instituer une chaire de communication pour « corriger l'image stéréotypée de l'Islam ». Aubry, oublie… Les ambassades des pays musulmans en Occident sont aussi exhortées à promouvoir le rôle de leurs attachés culturels de telle sorte à ce qu'ils soient capables d'établir des relations avec le monde des médias dans les pays d'accueil. Les participants au colloque ont appelé les hommes d'affaires et les richissimes du monde islamique à mettre la main à la poche pour financer des projets de création des médias lourds pour contrer les « campagnes sionistes qui écorchent l'image de l'Islam en Occident ». Dans le même ordre d'idées, il a été recommandé la création d'un fonds islamique européen chargé de financer les programmes médiatiques et les activités des relations publiques visant à lutter contre l'islamophobie. Pour y parvenir, les séminaristes ont retenu le principe d'associer des intellectuels et des journalistes occidentaux dans les campagnes de défense de l'Islam et de la correction des concepts pour une saine intercompréhension. Toujours au chapitre d'un effort de communication en direction de l'Occident, le colloque Avicenne a mandaté l'ISESCO pour demander aux ambassades des pays islamiques de créer le poste d'attaché aux affaires religieuses chargé de faire connaître la religion musulmane aux enfants de l'émigration, mais aussi aux Occidentaux, à travers des activités culturelles, des manifestations et des conférences-débat entre les gens des différentes religions. Enfin, il a été retenu l'élaboration d'une série de livres, de CD-ROM et autres supports médiatiques qui proposeront le vrai visage de l'Islam vulgarisé loin des lectures intégristes. Ces productions annoncées devraient être diffusées dans toutes les langues et à grande échelle. De là à présumer que toutes ces recommandations seront concrétisées d'ici le prochain colloque de l'Institut Avicenne, c'est un pas qu'il est difficile à franchir…