Les spécificités de l'entrepreneuriat au féminin, en Afrique ou ailleurs, continuent de susciter des débats et des interrogations au niveau mondial. Quels sont les systèmes de déverrouillage des freins, culturels, sociétaux, bancaires, institutionnels, les plus efficaces, qui doivent être mis au point pour rendre l'ensemble de l'écosystème économique plus favorable et permettre aux femmes qui n'osent pas entreprendre juste parce qu'elles sont des femmes de concrétiser ou de développer sereinement leurs projets ? C'est sur cette question et tant d'autres qu'ont pu échanger avec des décideurs politiques et économiques des femmes entrepreneures issues d'Afrique, d'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient et d'Amérique. Le contexte, l'atelier la parité «Femmes africaines : pas de parité, pas de développement ?», organisé lors la 12e édition du Forum international MEDays, placée sous le thème «La crise de confiance : faire face à la subversion et aux incertitudes». Cette rencontre s'est tenue du 13 au 16 novembre dans la ville de Tanger au Maroc, et ce, à l'initiative de l'Institut Amadeus, un think-tank marocain indépendant basé à Rabat, que dirige Brahim Fassi Fihri, fils de Taieb Fassi-Fihri, ancien ministre marocain des Affaires étrangères et actuel conseiller du roi Mohammed VI. Une opportunité s'est offerte aux 4500 participants de débattre des questions prioritaires de l'agenda international avec quelque 200 intervenants de très haut niveau entre chefs d'Etat et de Gouvernements, ministres, responsables politiques, prix Nobel, chefs d'entreprise, dirigeants d'organisations internationales, experts et représentants de la société civile. «Le Forum MEDays 2019 est revenu sur les développements internationaux, notamment les menaces qui pèsent sur la croissance mondiale et le dynamisme du commerce international. Etaient également au cœur des débats les défis sécuritaires, les complexités du dialogue politique Nord-Sud et, en outre, analyser les mouvements des sociétés civiles observées dans les pays du Nord et du Sud, sous l'angle du renforcement des relations Sud-Sud, indiquent les organisateurs du Forum MEDays 2019. Revenant sur l'atelier dédié à l'entrepreneuriat féminin en Afrique, la chef d'entreprise Nadia Habes, la seule algérienne conviée, fera savoir que les conférencières ont tenté de répondre à des questions cruciales. Où en sont les Etats africains en matière de parité ? Comment expliquer tant de disparités entre les différents pays en la matière ? Comment s'inspirer des bons exemples en matière de représentativité politique ? L'exigence paritaire n'a pas cessé ces dernières années, de cristalliser les débats et discussions menés par les sociétés civiles et diverses organisations dans certains pays, notamment au Maroc. A-t-on avancé pour autant ? Comment valoriser le travail éducatif, domestique que de nombreuses femmes assument en plus de leur activité professionnelle ? Des questions pertinentes considérant l'argumentaire, très convaincant, où les initiateurs du Forum ont mis en avant le contexte de plus en plus incertain dans lequel évoluent nombre de femmes entrepreneurs africaines. S'appuyant sur le constat de cet argumentaire, fait ressortir l'index «Institutions sociales et égalité homme-femme» (ISE) du Centre de développement de l'OCDE, cet argumentaire fait ressortir que «les pays dans lesquels la société exerce une forte discrimination à l'égard des femmes ont généralement de faibles résultats dans la mise en œuvre de plusieurs objectifs du Millénaire pour le développement». De la même manière, y est-il précisé, «les pays où les la parité n'est pas de mise et où les femmes n'ont pas accès à la propriété terrienne ou au crédit, peinent aussi, à éradiquer l'extrême pauvreté et la faim. Le nombre d'enfants mal nourris y est d'ailleurs supérieur de 85% à la moyenne». Les auteurs du document feront, par ailleurs, remarquer que «les organisations internationales s'accordent à dire que les africaines constituent 70% de la production agricole et assurent 90% de la sécurité alimentaire du continent». Et pourtant, déplorent-ils, «les femmes en Afrique, malgré leur nombre et le rôle socio-économique qu'elles assurent, peinent toujours à être appréciées à leur juste valeur dans les plans et stratégies de développement. On serait d'ailleurs tenté de dire qu'elles constituent la majorité à peine visible, injustement sous-évaluée et pas suffisamment présente dans le leadership public». A leurs yeux, leur situation est néanmoins contrastée parmi les pays africains. En effet, se réjouissent les experts d'Amadeus. «Dans certains pays, les femmes sont présentes en nombre au Parlement (le Rwanda, la Namibie, l'Afrique du Sud, le Mozambique et le Sénégal ont plus de parlementaires femmes que la France). Dans d'autres, elles occupent, relativement plus qu'ailleurs, des postes de décisions économiques (Sénégal, Nigeria).» Et si le taux d'activité entrepreneuriale des femmes en Afrique subsaharienne a été mesuré à 24% par le cabinet Roland Berger, une étude pour le forum Women in Africa révèle que dans d'autres régions du monde, l'Asie pointe à un maigre 11%. Globalement «au sein de l'Afrique, les distorsions sont grandes avec des zones, comme le Maroc ou l'Afrique du Sud qui atteignent à peine 8%». Et de conclure : «Malgré ces bons résultats généraux, les femmes entrepreneures ne seraient à la tête que d'environ 11 à 12% de la valeur ajoutée créée sur le continent illustrant que les entrepreneures femmes peuvent connaître un plafond de verre plus dur à transpercer ou encore des limites sociales à leurs activités entrepreneuriales ».