La visite de Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, avant-hier à Alger, est venue « lever les malentendus et continuer la concertation entre les deux pays », nous a indiqué, hier, une source algérienne qui a requis l'anonymat. « Les intérêts communs sont tellement immenses que l'Algérie et la France ne peuvent pas se permettre de se tourner plus longtemps le dos », précisera notre source. D'ailleurs, M. Guéant n'a pas manqué de déclarer que les présidents Bouteflika et Sarkozy « souhaitent faire vivre l'amitié qui unit les deux pays avec plus d'intensité ». Sauf que du côté algérien, « on a voulu avoir un interlocuteur de poids et qui soit conforme à l'esprit des relations d'Etat à Etat » en parlant de la personne de Claude Guéant et en écorchant au passage Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. Le ministre est devenu persona non grata depuis février dernier, après que le Journal du dimanche (JDD) lui eut demandé quand les relations entre les deux pays seraient réparées. « La génération de l'indépendance algérienne est encore au pouvoir. Après elle, ce sera peut-être plus simple », avait-il lâché sans aucune ambiguïté. La France a, donc, dépêché, un Claude Guéant, en poste depuis mai 2007 à l'Elysée et qui accompagne Sarkozy depuis huit ans, il a été son directeur de cabinet notamment au ministère de l'Intérieur, puis celui des Finances et son directeur de campagne à la présidentielle après que Jacques Chirac eut refusé de le nommer préfet de police. Mais M. Guéant a été, également, directeur général de la Police nationale en 1994, quand Charles Pasqua était ministre de l'Intérieur. De nombreux dossiers, qualifiés de sensibles, affectent les relations entre Alger et Paris. Les archives détenues par la France, l'affaire des moines de Tibhirine, celle du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni, l'inscription de l'Algérie sur la liste des pays à risque dans le transport aérien et d'autres dossiers qui fâchent. Mystère et coup de gueule Du coup, les relations entre l'Algérie et la France ne peuvent se libérer du mystère qui les entoure et des coups de gueule des responsables des deux pays. Le président Liamine Zeroual avait refusé de croiser Jacques Chirac à New York en janvier 2007. Bouteflika est lynché médiatiquement pour s'être rendu en France lorsqu'il tombe malade, alors qu'il n'hésite pas à porter des critiques, parfois acerbes, contre ce pays. Des relations qui restent également marquées – malgré tous les discours officiels des deux côtés – par les séquelles de la période du terrorisme en Algérie. Le message crypté envoyé par Paris, durant les années 1990, disait du pouvoir algérien : « Passera pas le printemps (PPP) ». Et les décideurs algériens qui n'hésitaient pas à renvoyer sous forme cryptée également : « Passera plusieurs hivers (PPH) ». « Il y a beaucoup de choses qui se passent entre nos deux pays, beaucoup de choses », avait déclaré Bernard Kouchner en mai 2008 lors de sa visite à Alger. Aujourd'hui, « l'Algérie pèse par sa manne financière et c'est une raison majeure qui incite les Français à faire des mains et des pieds pour normaliser les relations bilatérales », nous indiquait, hier, une source du palais d'El Mouradia. Des relations qu'on avait cru normalisées pour un bon bout de temps, avec le traité d'amitié signé en mars 2003 après le bain de foule spontané et réel accueillant Jacques Chirac dans les rues d'Alger.