Les moyens de protection contre la propagation du Covid-19, tels que les masques, le gel hydroalcoolique, les bavettes et les sur-blouses se font de plus en plus rares dans plusieurs structures sanitaires de la wilaya de Boumerdès. Après les protestations du personnel médical des polycliniques de Zemmouri et de Naciria, le problème touche désormais même les hôpitaux de Dellys, Bordj Menaïel et Thénia. Le personnel soignant du service des urgences de l'EPH de Bordj Menaïel est au bord du burn-out. Très exposés aux risques de contamination, les employés du service disent avoir protesté à maintes reprises contre le manque de masques FFP2 et du gel hydroalcoolique. En vain. Certains infirmiers affirment que la situation s'est aggravée après l'annonce mercredi dernier du premier cas confirmé de Covid-19 à Boumerdès, une femme ayant séjourné récemment en France. «Les masques nous sont distribués avec parcimonie. Normalement on doit les jeter au bout de trois heures de travail mais certains camarades les gardent durant plusieurs heures. Celui qui ne présente pas de symptômes du virus ne doit pas mettre les bavettes car cela aggrave la pénurie. Les gens doivent aussi savoir les utiliser pour ne pas se contaminer», dira un infirmier. Celui-ci dit vivre la peur au ventre. «Moi aussi j'ai une famille. En Europe, les soignants sont hébergés dans des hôtels pour ne pas contaminer leurs enfants, mais nous, nous sommes livrés à nous-mêmes», se désole-t-il. Avant hier, des informations ont fait état de la fuite de deux cas suspects du service des urgences à cause des retards pris pour leur faire des prélèvements nécessaires aux tests de dépistage. Au lieu de venir au secours des structures hospitalières, Socothyd, l'entreprise publique de fabrication des produits parapharmaceutiques et d'hygiène des Issers semble préférer faire dans la revente. «Jeudi dernier elle a vendu 2500 masques à l'EPSP de Boumerdès à raison de 150 DA/pièce. Le même produit é été vendu à l'EPSP de Bordj Menaiel à raison de 180 DA. Si ces masques ont été produits à Socothyd on aurait fermé les yeux. Le drame c'est qu'elles ont été achetés chez un privé», s'étonne un employé du secteur de la Santé. A la polyclinique de Naciria, le personnel soignant se débrouille comme il peut pour faire face au flux des malades notamment après le transfert de deux cas suspectés d'être atteints du Covid-19 vers l'hôpital de Bordj Menaïel. Dans un appel publié sur les réseaux sociaux, les employés de la polyclinique n'ont pas hésité à solliciter l'aide de la population locale pour leur fournir les masques et du gel hydro-alcoolique afin de minimiser les risques de contagion. Fort heureusement, cet appel n'est pas tombé dans les oreilles de sourds. Un groupe de jeunes volontaires a déjà remis une cinquantaine de bavettes au personnel. Elles ont été confectionnées au niveau d'un atelier privé à Rouiba et seront utilisées après leur stérilisation au niveau de la polyclinique.