Donald Trump est-il en train de perdre pied ? Depuis son entrée à la Maison-Blanche, il n'a pas cessé de se montrer agressif, arrogant et méprisant, un comportement qui n'a même pas épargné les alliés traditionnels des Etats-Unis. Mais depuis l'apparition de la pandémie de coronavirus, il redouble d'agressivité. Il apparaît comme un chef d'Etat fébrile, ayant perdu le sens des réalités, se montrant comme incapable d'affronter la dramatique situation née du Covid-19 et, surtout, incompétent. Lorsque le phénomène s'est mis à attaquer avec une rare violence la Chine et qu'il a ensuite commencé à se répandre à travers le monde, le président américain s'est montré sourd aux appels intérieurs qui lui demandaient de réagir en urgence et de prendre les dispositions nécessaires pour protéger le peuple américain. En homme qui connaît tout et qui sait tout, il répondait avec mépris qu'il s'agit d'une «simple grippe», malgré les cris d'alarme des spécialistes américains qui prédisaient entre 100 000 et 200 000 morts aux Etats-Unis. Lorsque la catastrophe est arrivée chez lui, il a essayé de se montrer rassurant mais son angoisse était là, perceptible dans ses discours quasi quotidiens. Pour sauver la face, il s'est mis à s'attaquer à la Chine pour se retourner ensuite contre l'Organisation mondiale de la santé, accusée de faire de la propagande pour le compte des Chinois. Et pour justifier ses accusations, il fait le geste le plus honteux, le plus criminel qui soit : il décide de suspendre l'apport US à l'OMS, dont les Etats-Unis sont le principal contributeur. Un choc pour le monde, surtout en ce moment de pandémie. C'est comme s'il suspendait l'aide alimentaire à un pays ravagé par la famine ou le lait pour enfants à des pays pauvres en lutte contre la malnutrition infantile. Une décision injuste et scandaleuse qui renvoie à l'image de l'Amérique impérialiste des années 1950 et 60. Elle rappelle également le chantage fait par les Etats-Unis à l'Unesco en cessant, là aussi, les contributions US parce que cette organisation a intégré dans ses rangs l'Etat de Palestine. Même l'Organisation d'aide aux réfugiés palestiniens, l'UNRWA, a été privée de soutiens financiers par Trump. Aussi, les alliés occidentaux de l'Amérique se sont offusqués de ce geste, dont les principales victimes seront surtout les pays du Tiers-Monde qui ont grandement besoin de l'OMS en ce moment particulier. Malgré les 33 000 Américains emportés par la pandémie, Donald Trump refuse de voir la réalité et ose même faire preuve d'optimisme. C'est que 2020 est une année électorale. Le président milliardaire se voyait bien rempiler pour un second mandat. Mais sa gestion catastrophique de la crise sanitaire pourrait lui coûter cher. Il n'a pas pris à temps les dispositions nécessaires pour juguler le Covid-19. Le lecteur américain ne peut pas lui pardonner ses inconséquences. Et, de ce fait, il a peur d'être sanctionné par les urnes et de laisser la place à son adversaire démocrate Joe Biden. Le virus ne fait pas de différence entre des républicains conservateurs, sa base électorale, et un militant démocrate. C'est pourquoi Donald Trump ment : 2500 personnes sont mortes en 24 heures – la journée la plus noire – a l'audace de prétendre que le pic a été atteint. Un optimisme qui ne trompe pas, connaissant le personnage. Il a tellement peur qu'il se cherche des boucs émissaires. Il s'attaque à la presse sans distinction, y compris les journaux qui ont fait la promotion de sa candidature. Cerise sur le gâteau, le locataire de la Maison-Blanche vient de faire une sortie des plus inattendues : il menace de dissoudre le Sénat et la Chambre des représentants ! Du jamais-vu dans l'histoire des Etats-Unis. Et un comportement qui rappelle un vulgaire dictateur du Tiers-Monde. Incontestablement, Donald Trump est devenu une menace non seulement pour la paix mondiale, mais aussi pour la démocratie et les institutions américaines.