La nouvelle de son décès est tombée tel un couperet parmi ses amis et anciens collègues du théâtre régional de Constantine. Abdelhamid Habbati s'est éteint dans la journée de mercredi 6 mai à son domicile à Constantine à l'âge de 75 ans. Il était très affecté par la maladie, ces derniers temps, au point de s'excuser de ne pouvoir prendre part aux productions pour lesquelles il était sollicité. Tous ceux qui l'ont connu et côtoyé, durant sa carrière qui s'est étalée sur plus de 50 ans, reconnaissent en lui un homme dévoué pour son art, mais surtout affable, accueillant et d'une grande modestie. C'est le théâtre qui a attiré AbdelhamidHabbati dès son jeune âge. Selon une biographie qui lui a été consacrée par Mohamed Ghernaout dans son ouvrage Constantine – Mémoire d'un théâtre, Habbati, né le 3 juin 1945 à Constantine, fait ses débuts en 1962 à l'âge de 17 ans dans la troupe El Amel El Masrahi, fondée par le regretté El Hassen Bencheikh Lefgoun, l'un des pionniers du théâtre à Constantine. Sa première pièce a été Erreur de jeunesse, suivie de Mariage forcé, avec le défunt Youcef Acheuk Abderrahmene. Habbati rejoindra l'Institut national des arts dramatiques de Bordj El Kiffan en 1964, avant de suivre un stage de formation à Montpellier sous la direction du grand formateur Jacques Lecoq, fondateur de l'Ecole internationale de théâtre qui porte son nom. De retour en Algérie en 1965, Habbati entame une carrière professionnelle au Théâtre national d'Alger (TNA), avant d'être chargé par Mustapha Kateb, directeur des théâtres nationaux pour assurer l'encadrement et l'animation au théâtre de Constantine 1966. Habbati est connu aussi pour être membre fondateur du Centre régional de l'action culturelle (CRAC) avec lequel il a obtenu plusieurs prix pour diverses pièces dont L'école des menteurs, Il était une fois les Noirs et Notre maison dans l'olivier. Mais la vraie carrière professionnelle, Habbati la connaîtra à partir de 1974 au Théâtre régional de Constantine pour lequel il a écrit, adapté, joué et mis en scène plusieurs œuvres. Il l'entamera en 1976 comme acteur et adjoint du metteur en scène Amar Mahsene dans la pièce Hadaydjibhada, avant de mettre en scène en 1977 sa première pièce Alli ymoutmayfout (Ce qui meurt ne passera pas), dans laquelle il joue aux côtés d'Antar Hellal. Les rôles suivront dans des pièces qui ont connu un grand succès populaire à l'instar de Rih semsar, Nass el houma (Les gens du quartier), Errafd (Le refus), Lahalydoum (Rien ne dure), El Kelma (La parole), Essakhra (La roche), Ghessalet Enouader, Sayedi el wazir et El Boughi. Il sera également metteur en scène dans El Qanounwanass (La loi et les gens), Diwan Laâdjeb et Massinissa. Kaddour 24 dans Patrouille à l'Est. Alors qu'il était à ses débuts au théâtre, Abdelhamid Habbati recevra plusieurs propositions de rôles au cinéma. Il fera ses débuts en 1965 dans le film d'Ahmed Rachedi L'aube des damnés, avant d'être engagé en 1971 dans le film Sueur noire de Sid Ali Mazif. Son rôle qui le marquera pour longtemps sera sans doute celui de «Kaddour 24» dans le film culte d'Amar Laskri, produit en 1973. Habbati aura des rôles dans d'autres films comme Chroniques des années de braise (1974), L'Olivier de Boulhilet» (1977), Le moulin de monsieur Fabre (1983), Cri de pierre et Houria (1987) et Le Fort (1989). Parallèlement, il est passé dans une vingtaine de productions de la station régionale de la télévision de Constantine, dont les plus en vue ont été Haizia, Ramadhan ouanass, Kalam ouaahlem, Douar Chaouia, Hadaiek El Yassamine (Jardins de jasmin) et Hadaiek El Bortouqal (Jardins d'orangers). Même s'il ne se produisait pas régulièrement ces dernières années, Abdelhamid Habbati n'a pas quitté pour autant la scène artistique en restant plus proche des jeunes comédiens auxquels il n'était guère avare en conseils et en encouragements. Il est parti la conscience tranquille avec le sentiment du devoir accompli dans son dernier acte après une carrière riche et pleine.