Dans le cadre de la politique d'ajustement graduel des prix des carburants, mise en œuvre en 2016, en 2017, en 2018 puis gelée en 2019 et début 2020 une augmentation de la taxe appliquée aux produits pétroliers a été instaurée dans la LFC 2020. Ainsi, les prix des carburants ont subi des hausses oscillantes entre 3 et 5 DA le litre. Objectif : poursuivre la stabilisation de la demande de carburants entamée ces dernières années. En 2019, cette demande était de l'ordre 14,4 millions de tonnes en 2019 (soit un marché de plus 10 milliards de dollars US et environ plus de+25% de la totalité de nos revenus d'exportation des hydrocarbures) contre 5,6 millions de tonnes en 2000, soit une croissance annuelle de 5,1% couverte par les importations avant que les raffineries d'Alger, Skikda, Arzew ne soient réhabilitées. Cette mesure a créé l'effet surprise chez les automobilistes qui ne n'attendaient pas à une telle annonce au moment où le pouvoir d'achat ne cesse de dégringoler. Mais pour le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, cette augmentation aura un effet limité sur le coût d'exploitation des véhicules. Une étude élaborée par le ministère des Travaux publics et des Transports a montré que ces augmentations ne représenteront qu'un taux de 5% pour le mazout et de 3% pour l'essence. Ce qui fait dire au ministre que l'impact sera limité. La mesure permettra plutôt, selon lui, de réduire le gaspillage et la surconsommation des carburants. Par ricochet baisser la subvention indirecte de l'Etat dans ce segment en plus de l'orientation des consommateurs vers l'utilisation du GPL. Faudrait-il trouver le mécanisme à appliquer dans ce cadre. En attendant, c'est toute la structure de la consommation de carburants qui est à revoir avec la diésélisation du parc roulant, qui représente 70% de la consommation globale pour un produits polluant et de surcroît importé puisqu'on enregistre une production nationale de pétrole d'un million de barils/jour pour une consommation domestique de plus de 400 000 barils/jour de produits pétroliers dont les carburants représentent environ 80%. Ce qui impose au secteur de l'énergie de l'avis des experts une nouvelle politique énergétique avec un nouveau modèle de consommation nationale des carburants. «Car ce phénomène de ‘diésélisation' progressif, s'il se confirme dans l'avenir, risque de réduire les marges de manœuvre des politiques par les prix en vue de l'économie d'énergie, de l'efficacité énergétique et environnementale», expliquent les spécialistes en économie d'énergie. C'est toute la question du choix du modèle national de consommation des carburants qui se pose dans un segment qui accapare (aux côtés de l'électricité et du gaz) environ 450 milliards DA des subventions. Mais qui ne profite pas toujours aux couches à bas revenus, comme c'est le cas pour d'autres produits. Ce qui fait justement que ces subventions soient inéquitables et parfois inefficaces, bien qu'elles soient une partie intégrante du programme d'appui social. Pour limiter justement ces inégalités face aux subventions des produits énergétiques, les spécialistes proposent entre autres la mise en place d'un mécanisme de détermination des prix des produits énergétiques, mécanisme fondé sur des règles d'appropriation solide de la part des autorités.