Comme chaque année à la même date, plusieurs rassemblements commémoratifs du massacre du 17 octobre 1961 ont été organisés, hier, sur le pont Saint-Michel (Paris), l'un des lieux historiques témoignant le plus de la tragédie qui a coûté la vie à au moins 300 immigrés algériens pour avoir osé marcher pacifiquement ce jour-là en faveur de l'indépendance de leur pays et en bravant un couvre-feu discriminatoire les visant. Membres de la communauté nationale établie en France, acteurs de la société civile algérienne dans la diaspora, militants associatifs et politiques français amis de l'Algérie, etc., ils étaient des centaines de personnes à renouveler, tout au long de la journée, la revendication auprès des autorités françaises pour la «reconnaissance du caractère de crime d'Etat» concernant la répression policière sauvage de ladite manifestation pacifique sous les ordres de Maurice Papon, alors préfet de police de Paris. Cela va ainsi dans le sens de nombreux appels et tribunes, publiés à l'occasion, cosignés par des personnalités publiques, des collectifs citoyens et des mouvements politiques ; qu'ils soient algériens, français ou franco-algériens. Déclaration des acteurs du hirak D'abord, les acteurs du hirak en France ont rendu publique une déclaration faisant le lien avec l'actualité politique en Algérie : «17 Octobre 1961 – 17 Octobre 2020, d'une répression à une autre, le peuple Algérien reste debout et s'affirme.» En plus de réaffirmer les positions du mouvement contestataire comme le «rejet du référendum constitutionnel» et l'exigence de «l'arrêt de la répression et la libération immédiate des détenus politiques et d'opinions», ils rappelèrent que l'immigration a été toujours le «fer de lance de la résistance algérienne, qui avait subi une agression violente encore vivace dans la conscience collective. Notre révolution populaire de février 2019 s'inscrit dans la continuité de l'engagement indéfectible pour la liberté du peuple et sa souveraineté en inscrivant ce massacre comme un haut fait de la lutte pour l'émancipation». Ils ont par ailleurs évoqué l'importance de poursuivre l'accomplissement du «devoir de mémoire», surtout vis-à-vis de ces «faits avérés que le gouvernement français refuse de reconnaître !» Ensuite, dans ce même sens, une pétition en ligne intitulée «17 octobre 1961 – 17 octobre 2020 : pour la mémoire et contre l'oubli des victimes algériennes», a été lancée et signée par quelque 200 personnalités publiques, dont l'historien Benjamin Stora, ainsi que plusieurs sénateurs, députés et maires français. Tout en rappelant qu'il s'agissait d'une «répression policière meurtrière», qui a fait des «centaines de victimes, 200 à 300 morts» parmi lesquelles des Algériennes et des Algériens «jetés dans la Seine où ils moururent noyés», les signataires considèrent que ces «événements tragiques font partie de notre histoire commune, mais ils ont sciemment été effacés de notre mémoire collective. Les livres d'histoire et les manuels scolaires évoquent peu ces faits historiques, mais cette sanglante répression doit être restituée afin d'écrire l'histoire dans le sens de la vérité ! La lumière doit être faite sur ces actes meurtriers !». C'est pourquoi, ils ont énuméré quelques revendications à satisfaire urgemment par le gouvernement français et les autorités locales : ouverture des archives sur ces événements ; que les crimes du 17 octobre 1961 soient reconnus crimes d'Etat ; que la date du 17 Octobre 1961 soit intégrée à la liste des cérémonies officielles dans toutes les villes de France ; que des plaques commémoratives soient apposées dans les villes où les associations en font la demande. Paris De notre correspondant Samir Ghezlaoui