Les membres de la communauté nationale établis à l'étranger ont été appelés à donner, hier, le coup d'envoi du référendum autour de la nouvelle Constitution, qui se poursuit aujourd'hui partout dans le pays et dans la diaspora. En France, le début du scrutin a été très timide. Sous des dispositifs sécuritaires renforcés de la police française quadrillant les alentours des consulats algériens, rajoutés aux strictes mesures sanitaires prises par les services consulaires pour éviter que les bureaux de vote se transforment en clusters de contamination au coronavirus (Covid-19), les électeurs arrivaient au compte-gouttes, tel que nous l'avons constaté par exemple à la sortie du consulat général d'Algérie à Paris (11e arrondissement). «J'espère que cette Constitution sera réellement celle d'une nouvelle Algérie. Il faut que les nouveaux responsables tiennent leurs promesses, surtout en luttant contre la corruption et en créant plus de postes d'emploi pour les jeunes», lance Mohamed, 52 ans, originaire de Chlef, qui assume avoir «toujours accompli son devoir de vote». Se passant dans des conditions plus sereines, en comparaison au climat électrique de l'élection présidentielle du 12 décembre 2019, dans la mesure où toutes les actions contestataires du hirak diasporique ont été annulées à cause du reconfinement en France, ayant pris effet vendredi dernier, plusieurs votants ont pris le temps de répondre à nos questions. C'est le cas de Safia, 54 ans, originaire de Laghouat, venue accompagnée de sa mère de 85 ans. «Malgré son âge et son état de santé, surtout avec les risques liés à la Covid, elle a insisté pour venir voter avec moi. Nous espérons que les choses vont changer et nous croyons à la bonne volonté du nouveau Président de reconstruire le pays», affirme-t-elle. Même son de cloche auprès des électeurs favorables au texte de la Loi fondamentale au niveau du consulat de Bobigny, l'un des plus importants centres de vote de la diaspora avec dix bureaux. Quant aux électeurs qui ont voté «contre», ils considèrent que la nouvelle Constitution a été faite sans un vrai débat contradictoire entre les différentes tendances qui composent le paysage politique et la société civile du pays. «Je fais mon devoir de vote, mais j'ai voté non pour plusieurs raisons. Le texte de la nouvelle Constitution donne plus de prérogatives au président de la République au lieu de les réduire. Je suis contre également la possibilité d'intervention de l'armée algérienne à l'extérieur de nos frontières», explique un quadragénaire. Et de poursuivre : «Pour une vraie réforme constitutionnelle, nous devons débattre plus et prendre les décisions tous ensemble sur tous les sujets qui animent notamment les réseaux sociaux. Je pense particulièrement à la question de l'amazighité et l'identité algérienne d'une manière générale. Il faut une réelle consultation populaire avant d'imposer ce genre de décisions à la société.» Du côté du hirak parisien, qui s'est prononcé contre la tenue du référendum, il a été contraint d'annuler toutes les actions de boycott prévues à cause du confinement. Néanmoins, plusieurs militants ont tenu à se déplacer individuellement ou en groupes très restreints pour exprimer leur «refus de cette énième mascarade électorale». Tenus loin du consulat par la police, ils n'ont pas cessé d'interpeller les électeurs potentiels pour les dissuader de voter. «On est contre ce processus électoral car on pense que la condition sine qua non n'est pas respectée, en l'occurrence : pas de Constitution sans légitimité populaire. Cette soi-disant réforme constitutionnelle reste donc un non-événement, et vu l'état de santé préoccupant de Tebboune, on risque de voir bientôt une nouvelle volonté des militaires pour changer encore une fois la façade civile du pouvoir. En somme, un retour à la case départ ! Il faut plutôt un réel processus constituant visant à sortir de la crise dans tous ses volets : politique, économique et social», a défendu Mohamed Benaissa, militant hirakiste et membre du collectif PUNA. Advertisements