Au quatrième jour des opérations de vote de la diaspora, les Algériens du Canada continuent de bouder le scrutin présidentiel. Les activistes du hirak ont observé la vigie quotidienne devant le consulat d'Algérie à Montréal. Les brigades de bénévoles se relaient ainsi à tour de rôle devant le bâtiment de la chancellerie, où la police de Montréal s'est déployée pour prévenir tout débordement. Lundi, malgré le froid et la pluie, les militants de la révolution du sourire ont tenu à manifester leur rejet de la présidentielle, dont l'objectif, selon eux, n'est autre que de régénérer le système prédateur. Outre la caméra installée devant le portail du consulat, deux jeunes hirakistes pointaient les entrées. "Beaucoup de ceux qui sont entrés au consulat l'ont fait pour des raisons administratives. La preuve, à leur sortie, certains ont exhibé des passeports ou des documents qu'ils se sont fait délivrer", explique un militant qui participait à la vigie. Selon ce dernier, le décompte de dimanche fait état de 55 personnes ayant franchi le seuil du consulat algérien. Pour des raisons évidentes, le chiffre devrait être moindre pour lundi, premier jour de la semaine. Idem le mardi. Des règles de conduite destinées aux brigades de vigiles sur la conduite à tenir ont été adoptées. Car pour eux, les provocations ne sont pas à exclure. Une Algérienne avec le drapeau amazigh a été refoulée du consulat. Une prise de bec s'en est suivie. Aussitôt, les manifestants scandent "Imazighen !" Les dizaines de personnes qui observaient un sit-in sur place scandaient des slogans anti-élection et anti-pouvoir. Des portraits des détenus politiques et d'opinion étaient exhibés par les manifestants qui appelaient à leur libération "immédiate et inconditionnelle". Des Algériens ont carrément pris un congé d'une semaine, juste pour pouvoir participer à l'opération "Zéro vote" à Montréal. La vigie sera maintenue jusqu'à la fin des opérations de vote jeudi. Au lendemain de la marche qui a drainé plus de 2 500 personnes, les médias canadiens ont évoqué la révolution algérienne, jusque-là zappée par les médias internationaux. Les médias canadiens les plus importants ont donc traité du sujet, à l'image de Radio-Canada, La Presse, Le Devoir et Le Journal de Montréal. Devant le black-out des médias publics et privés, à l'exception de quelques journaux indépendants, les militants de la révolution populaire comptent briser ce mur du silence à l'international, estiment nombre de hirakistes. "Il faut que le monde sache que le pouvoir de fait veut imposer une élection contre la volonté populaire", soutient-on. D'où la nécessité de la disqualifier.