Au vu des derniers événements survenus sur la scène sécuritaire, il convient de s'interroger si l'histoire bégaie ou si elle risque de se répéter. Un violent accrochage a opposé mardi dernier les forces de l'ANP à un groupe terroriste dans la région de Jijel. Trois éléments de ce groupe ont été abattus par le détachement de l'Armée nationale populaire qui a déploré la perte d'un sous-officier. Trois pistolets mitrailleurs et des munitions ont été récupérés, a-t-on indiqué à l'issue de cette opération militaire. Sous l'effet d'une vie politique intense et à multiples rebondissements, le dossier sécuritaire a été relégué au second plan et, quand il s'invite avec fracas dans l'actualité nationale, on n'hésite pas à accuser les autorités d'«agiter le spectre de l'insécurité» pour détourner l'opinion publique des sujets de l'heure. Cela est vrai jusqu'à un certain point. Jusqu'au moment où les groupes terroristes donnent des signes de réorganisation et affichent des moyens de riposte face aux forces de sécurité. L'usage d'un panneau photovoltaïque par le groupe de Jijel pour faciliter ses mouvements et son fonctionnement n'est, entre autres, pas une bonne nouvelle au sujet de l'éradication durable ou définitive du terrorisme islamiste. La persistance des armes de guerre en nombre proportionnel à l'importance numérique de ces groupes est pareillement un motif d'inquiétude et d'alerte à propos de cette «recrudescence», un terme abandonné depuis de nombreuses années s'agissant du terrorisme. Dans le monde, dans des pays pas si lointains, l'urgence sanitaire n'a pas annulé celle sécuritaire et des organisations «civiles» sont dissoutes au lendemain d'attentats signés par des islamistes. Dans notre pays, des partis et des acteurs politiques qui ont pignon sur la révolution citoyenne appellent à l'organisation de «conventions» ou de conférences nationales avec comme exigence la libération de «tous les détenus, y compris islamistes». Ces milieux politiques, qui n'ont jamais manqué de dynamisme ou de souffle depuis un quart de siècle, déclinent ouvertement leur motivation en récusant la nouvelle Constitution sous le prétexte inattendu d'y avoir décelé une «essence laïque». La matrice idéologique qui porte le projet théocratique a pu survivre dans l'échiquier politique national et constitue le principal obstacle à la construction d'une alternative au système en place. Sa dangerosité a été peu ou prou dissoute dans un exercice politique à visage modéré. La plus grande source d'inquiétude est la réapparition des principaux leviers du terrorisme que sont la paupérisation en cours d'aggravation et le banditisme en pleine renaissance. Les difficultés économiques au milieu des années 1980 avaient précipité l'entrée en subversion des factions djihadistes en dormance. La connexion avec le grand banditisme est survenue beaucoup plus tard avec, notamment, les gangs du kidnapping. Aujourd'hui, les bandes organisées sont déjà en place et ont atteint leur apogée, avec leurs armes, leurs trafics et leurs méfaits à ciel ouvert. Advertisements