La situation dans les chantiers du programme AADL affecté à la wilaya est, selon les bénéficiaires, l'expression de l'échec et de l'absence de contrôle de la wilaya sur l'activité des entreprises engagées et de la mauvaise coordination entre les services administratifs. Acquérir un logement nécessite parfois de patienter près d'un quart de siècle. Les souscripteurs au programme AADL 1 (2001-2002) de Béjaïa n'en sont pas loin, ils attendent depuis 20 ans la livraison de leurs appartements. Ainsi, le programme de réalisation des logements sous différentes formules au pôle urbain Ighzer Ouzarif, à Béjaïa, est l'expression de l'échec de l'administration de wilaya et de ses démembrements. Durant les étapes de réalisation des travaux, la bureaucratie et la mauvaise coordination entre les services intervenant ont été les principaux freins à ce programme, de l'avis des souscripteurs qui ont organisé la semaine passée leur énième rassemblement de protestation. «Les walis qui se sont succédé depuis le début des années 2000 n'ont pas pu résoudre ni corriger le tir d'une planification des travaux hasardeuse, et ce n'est pas la commission installée par le wali Mohamed Maabed ni ses visites spectacles qui vont mettre de l'ordre dans ce désordre», fulmine un bénéficiaire. On apprend, en dehors des tourmentes vécues par les 2450 souscripteurs de l'AADL 1, qu'en 20 ans, des souscripteurs sont décédés avant même d'entamer la procédure finale d'acquisition. Pour le président de l'association El Amel (AADL 2001-2002), qui veut rester positif malgré les péripéties traversées par les souscripteurs, il y a une lueur d'espoir si l'administration tient cette fois à ses promesses. «A en croire les responsables de la wilaya, les logements AADL 1 seront réceptionnés avant la fin du premier trimestre, soit dans deux mois, et c'est le souhait le plus cher des bénéficiaires», dit-il. Son camarade, membre de la même association, est sceptique car, estime-t-il, «on nous a nourri 20 ans et 8 ans durant (AADL 2 accuse 8 ans de retard) de mensonges et de fausses promesses». L'état d'avancement des programmes est à sa phase finale. «Cela veut dire que les logements AADL 1 et AADL 2 sont livrables, et il ne manque plus que la réalisation des VRD secondaires, à savoir les amenés d'eau, d'électricité et de gaz». Alors que les bénéficiaires de l'AADL 2 espèrent une dotation financière supplémentaire pour achever les travaux de VRD, ceux de l'AADL 1 attendent que les entreprises engagées augmentent la cadence du travail afin d'espérer recevoir les clés de leurs appartements avant la fin du 1er trimestre. Mais au vu de la consistance des travaux qui reste à concrétiser, l'administration risque de se retrouver face à une promesse qu'elle ne pourra pas tenir, à moins qu'elle trouve des palliatifs pour alimenter les cités en électricité, en eau et une solution pour les rejets domestiques, l'assainissement. A ce jour, la voirie et les réseaux divers (secondaire ou tertiaire) ne sont pas totalement achevés, voire même pas entamés. Constat sans équivoque Pour les élus de l'APW de Béjaïa qui se sont déplacés au pôle Ighzer Ouzarif, il est quasiment «impossible que l'administration livre les 6000 logements avant la fin de l'année». Pour cause, ajoute l'APW dans un communiqué, «pour l'instant, aucun lot VRD de ce pôle important n'est encore livré ! Sur les lieux, le constat est sans équivoque : il n'y a que quelques travailleurs qui interviennent, alors que théoriquement, 35 entreprises sont mobilisées !» Quant à la consistance des travaux qui reste à réaliser, les élus constatent que «beaucoup reste à faire : des travaux de VRD (assainissement, aménagement et revêtement de voies, trottoirs, plusieurs murs de soutènement, vu les glissements de terrains…), des travaux qui nécessitent encore beaucoup de temps pour leur achèvement». D'autant plus que ces travaux nécessitent pas moins de 1500 milliards de centimes à mobiliser, de l'argent qui n'est pas encore budgétisé. Les membres de l'association affirment également que lors des visites effectuées sur le site par les souscripteurs, «on a constaté un vaste chantier ouvert où il est rare de croiser un ouvrier. Les entreprises s'engagent sur plusieurs chantiers à travers la wilaya ce qui les contraint à éparpiller leurs moyens humains et matériels et ils n'ont jamais été inquiétés par des mises en demeure». Les amenés restent problématiques. L'alimentation de ce pôle urbain en énergie électrique se fera pour une seule partie du pôle. Le projet en question a été retardé par des considérations procédurales. Les postes qui doivent accueillir les installations électriques sont achevées, mais ils ne sont pas encore équipés. Idem pour l'eau qui, pour arriver dans les robinets, nécessite la réalisation de station de pompage. Les acquéreurs sont tellement excédés qu'ils menacent, si les logements ne sont pas livrés avant la fin de l'année, de les occuper sans attendre les officiels. C'est ce que laissent entendre des bénéficiaires des 6920 LPL et de l'AADL 1 qui sont implantés sur le même site. Ces derniers exigent du wali de fixer une date de livraison. «Nous exigeons du wali de fixer la date officielle de distribution de la première tranche des 6920 logements publics locatifs lors de la livraison de ceux de l'AADL 1, une échéance qui ne doit pas être au-delà de la rentrée sociale 2021/2022. Si les délais ne sont pas respectés, les autorités assumeront les conséquences de leurs engagements non honorés». Les récentes déclarations du ministre de l'Habitat sur la Radio nationale ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd. Le ministre a tenté de justifier le retard dans la réalisation du programme affecté à la wilaya de Béjaïa par la crise sanitaire et le problème d'accessibilité au site. Or, les souscripteurs «dénoncent en premier lieu l'absence de contrôle de l'administration de wilaya sur l'activité des entreprises et de ses administrations». Advertisements