Le cessez-le-feu entre le Hamas et Israël tient tant bien que mal, mais l'optimisme n'est pas de rigueur. Les deux belligérants crient victoire et ne parlent aucunement de paix. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, parle de «succès exceptionnel», tandis qu'Ismaïl Haniyeh, lui, soutient que son organisation a remporté une «victoire stratégique». Une chose est sûre : les deux antagonistes se sont rendu mutuellement service. Netanyahu, menacé d'aller en prison dès qu'il ne sera plus Premier ministre, pense avoir remporté un grand succès aux yeux de l'opinion israélienne, ce qui lui permettra de former un gouvernement. Le Hamas, de son côté, estime qu'en prenant la tête de la résistance palestinienne contre l'occupation, il dévalorise l'Autorité palestinienne et le Fatah de Mahmoud Abbas aux yeux de son peuple. Il faut dire que tout au long de l'agression israélienne, celui-ci est resté sans voix, laissant l'initiative à son adversaire islamiste. Il est vrai que le leader palestinien s'était contenté de subir les événements, lorsque Tel-Aviv a pris la décision d'expulser de leurs appartements de Jérusalem-Est les Arabes israéliens pour les remplacer par des colons juifs, prélude à l'exécution d'un plan visant la judaïsation totale du troisième lieu saint de l'islam. Ce n'est donc qu'un répit dû sans doute à l'intervention du nouveau locataire de la Maison-Blanche, qui ne s'était pas préparé à une nouvelle guerre israélo-palestinienne et qui avait d'autres priorités, comme le dossier du nucléaire iranien et les relations avec la Chine notamment. Pris de court, il a été obligé de s'impliquer pour empêcher l'Union européenne et la France en particulier de doubler les Etats-Unis dans la gestion du dossier proche-oriental. Pour ménager les pays arabes «amis» et la communauté internationale unanime à condamner les crimes contre l'humanité perpétrés contre les civils de Ghaza, Joe Biden s'est contenté d'affirmer que la paix dans la région ne sera possible qu'avec la création de deux Etats côte à côte. A aucun moment, il n'a laissé entendre qu'il a un plan de paix en tête, ni qu'il remettra en cause les dégâts commis par son prédécesseur, Donald Trump. Ce dernier s'était érigé en allié inconditionnel d'Israël en déplaçant l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, en supprimant l'aide humanitaire à l'UNRWA, l'organisme onusien en charge de l'aide aux réfugiés palestiniens, et en encourageant la multiplication des colonies de peuplement en Cisjordanie, ce qui éloigne toute perspective de création de deux Etats sur l'ensemble de la Palestine. Israël a eu le feu vert pour que les Palestiniens deviennent les nouveaux juifs errants et la droite et l'extrême droite israéliennes pouvaient renforcer impunément leur politique d'apartheid. M. Biden ne donne pas l'impression de mettre fin à cette politique agressive et raciste. TDe ce fait, le malheureux peuple palestinien se trouve seul, sans leader pour lui donner l'espoir d'une renaissance et de retrouver enfin la paix qu'il avait perdue en 1948. Les pays arabes sur lesquels il avait compté un certain temps subissent eux aussi l'histoire et ne sont pas près d'en être les acteurs. Advertisements