Aucune station d'épuration ni bassin de décantation n'ont été réalisés afin de mettre un terme au fléau des rejets des eaux usées dans la mer. La pollution prend des proportions inquiétantes sur le littoral de la wilaya de Boumerdès. A Dellys, la préservation de l'écosystème marin semble loin d'être la préoccupation des autorités. Malgré les requêtes du mouvement associatif et des défenseurs de l'environnement, aucune station d'épuration ni bassin de décantation n'a été réalisé afin de mettre un terme au fléau des rejets des eaux usées vers la mer. Le président de l'association Delfine, Mokrani Nordine, affirme avoir alerté même le ministère de l'Environnement sur les effets de tels rejets sur la faune et la flore marines. Mais cela n'a fait réagir aucun responsable. «La mer est devenue un grand dépotoir. Les eaux usées sont déversées partout sur le rivage. Ce n'est pas normal qu'une ville comme Dellys soit dépourvue d'une station d'épuration», s'indigne-t-il, précisant que plusieurs espèces marines sont menacées par cette pollution. M. Mokrani parle aussi d'énormes quantités de déchets ménagers qui finissent dans la mer. «Tous les objets en plastique qu'on abandonne sur les rives de l'oued Sébaou sont charriés vers la Méditerranée. Nous avons des dizaines de plongeurs. Et certains ont mené plusieurs opérations de nettoyage sur la côte, malheureusement l'incivisme des gens et la démission des autorités ont fait que certains endroits ont renoué avec l'insalubrité et les tristes décors quelques mois plus tard», a-t-il estimé. Les dégâts des rejets anarchiques de déchets sont énormes. «Il n'y a pas longtemps on a découvert des centaines d'albatros morts sur le rivage près de l'embouchure de l'oued Sébaou. On ne doit pas oublier aussi que même la raréfaction du poisson sur nos côtes est due en partie à la pollution et la dégradation des récifs marins. Nous avions réalisé des récifs artificiels, mais cela reste toujours insuffisant», explique M. Mokrani. Créée en 1994, l'association Delfine a entrepris plusieurs actions afin de stopper ce phénomène. En vain. En l'absence d'usines de traitement, c'est les oueds qui sont devenues les lieux préférés des agents pollueurs parmi lesquels on trouve des industriels et des institutions étatiques. A Baghlia, les déchets collectés par les services de la voirie sont jetés à ce jour sur les rives de l'oued Kouanine. Idem à Taouarga et Afir où les cours d'eau débordent de détritus qui, un jour ou l'autre, atterrissent dans la mer. A Sidi El Medjni et au vieux port de Dellys, les eaux usées des cités d'habitation situées en amont coulent abondamment vers la plage. Idem au lieu-dit la Guinguette, devenu par la force des choses et de l'incivisme le point de rejet du nouveau pôle urbain. Aujourd'hui, seule la réalisation d'une station d'épuration pourrait limiter les dégâts et préserver la Grande bleue, source de vie et de revenus pour des centaines de familles de la région. Advertisements