Tout a commencé par une scène classique, descendu à la plage pour profiter des derniers moments de mer, l'homme s'est vu imposer la location d'un parasol alors qu'il n'y avait plus vraiment de soleil et en remontant à sa voiture s'est vu imposer un droit de stationnement alors qu'il n'était pas dans un parking. Il a réfléchi, la loi protège la baignade avec ou sans parasol et autorise le stationnement public sans frais. Il n'y a pas d'Etat, mais est-ce la faute de l'Etat s'il n'y a pas d'Etat ? En théorie oui, sauf que s'il n'y a pas d'Etat, on ne peut pas dire que c'est de sa faute, puisqu'il n'existe pas et s'il n'existe pas ne peut être coupable. En pratique, c'est toujours plus compliqué en Algérie, s'il n'y a pas de travail, le ministre de l'Emploi n'est pas responsable, si le poulet est trop cher, ce n'est pas la faute du ministre de l'Agriculture, si les livres scolaires sont introuvables, le ministre de l'Education n'a rien à y voir, s'il n'y a pas d'oxygène et de médicaments, le ministre de la Santé n'est pas responsable. S'il n'y a pas d'eau, ce n'est pas la faute du ministre de l'eau, s'il n'y a pas de voitures et que les occasions sont hors de prix, le ministre de l'Industrie n'est pas responsable et s'il y a autant de harraga, ni le gouvernement ni le Président ne sont responsables. Si des centaines d'innocents sont en prison, ce n'est pas la faute du ministre de la Justice et s'il n'y a pas d'argent, le ministre des Finances n'est pas responsable. L'homme a réfléchi, si chaque cause a une conséquence et une cause pouvant elle-même être la conséquence d'une autre cause, quelle est la cause première ? Il a demandé aux gardiens de parking ainsi qu'aux loueurs de parasols s'ils se sentaient coupables de prendre l'argent du citoyen en se partageant des espaces du pays qui appartiennent à tout le monde. Il est rentré chez lui à pied, les pneus de sa voiture ayant été crevés à coups de parasol. Le lendemain, il a déposé un dossier Ansej pour monter un commissariat. Advertisements