En visite de travail et d'inspection, les 10 et 11 octobre, dans la wilaya de Biskra où il s'est enquis de la situation réelle des aquaculteurs et du taux d'application du plan d'intégration des agriculteurs dans la production de poissons, Hichem Sofiane Salaouatchi, ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, a exposé les grandes lignes de la stratégie gouvernementale pour revitaliser ce secteur et en faire un créneau créateur de richesse avec à la clé des milliers de postes d'emploi directs et indirects. «Selon les projections, Biskra est appelée à devenir un pôle national de production de poissons d'eau douce. Elle a tous les atouts pour relever ce défi. À l'horizon 2024, nous escomptons atteindre 50 000 tonnes de poissons issus de la pisciculture et de la pêche continentale. En application des directives du président de la République, l'Etat s'engage à accompagner, soutenir et faciliter l'itinéraire des investisseurs dans ce secteur requérant une importante accumulation de connaissances scientifiques et des capacités techniques et financières non négligeables. Les agriculteurs ont aussi un rôle crucial à jouer dans ce secteur en procédant à l'élevage de poissons dans les bassins et les retenues d'irrigation. C'est une plus-value dont ils doivent appréhender les bénéfices. Notre ambition est la maîtrise de tous les compartiments de cette filière de l'alevinage, à l'engraissement, à la production, au conditionnement et à la commercialisation de ce produit alimentaire», a déclaré le ministre. Au cours d'une rencontre avec tous les acteurs de cette filière naissante à Biskra et la présence des présidents d'APC et des chefs de daïra, le ministre a pu se faire une idée des difficultés et des obstacles de toutes les natures auxquels sont confrontés les jeunes pisciculteurs de Biskra. «Monsieur le ministre, nous vivons dans une jungle administrative où il faut souvent plus d'une année pour avoir un papier qui est demandé dans un dossier ouvrant le droit à constituer un autre dossier et ainsi de suite. Certains d'entre nous ont tout vendu, même leur chemise, pour concrétiser leur projet, mais il est impossible de réussir dans cette région avec tous les obstacles mis sur notre chemin de simples jeunes voulant vivre dignement dans leur pays. Je suis bloqué à 70% de réalisation d'une unité de pisciculture à El Kantara à cause du manque d'eau», a lancé un trentenaire issu de la première promotion de pisciculteurs formés à Biskra en 2017. UNE PLEIADE D'EMBÛCHES «Certes, j'ai bénéficié de l'aide de la CNAC pour lancer un projet de pisciculture, mais on m'a attribué un terrain rocailleux et non convenable pour cette activité. Je n'ai pas les moyens de viabiliser cette parcelle qui n'est même pas reliée au réseau de distribution de l'électricité. Il est très difficile d'obtenir un permis de forer un puits. En toute franchise et quitte à froisser des gens, nous sommes dans le découragement et l'abandon», a ajouté un autre jeune de Chetma. «Monsieur le ministre, nous subissons toutes sortes d'avanie. On nous appelle pompeusement investisseurs, mais nous ne sommes pas cela. Nous n'avons pas le sou et luttons contre les conditions climatiques, mais aussi contre les freinages administratifs. Ceux qui réussissent dans ce secteur sont les gros bailleurs de fonds et les entreprises établies. Nous attendons depuis des années des actes de propriété de nos parcelles à Laazimar et Lemkinat s'étendant sur 34 ha dans la commune de Loutaya. Sans ce document, les banques et les dispositifs d'aide et de soutien à l'emploi des jeunes rejettent nos demandes de prêts et de soutien financier. Pourquoi ne nous délivre-t-on pas ce document ?», s'est plaint un autre. «Nous ne voyons rien de bon dans cette nouvelle Algérie où règne encore la corruption, le népotisme, le clientélisme et le favoritisme. Quelqu'un m'a demandé d'inclure son fils dans mon projet afin qu'il me facilite les choses avec l'administration. Je veux travailler honnêtement et donner à mon pays autant qu'il me donne. Le moral des jeunes activant dans le secteur est en baisse à cause de trop nombreuses embûches ruinant leurs rêves de prospérer dans la production des poissons», a clamé un autre intervenant. «Je prends note de vos remarques et visions des choses. Je préconise le pragmatisme et le réalisme. Je suis ici pour vous écouter et recueillir toutes vos propositions afin de trouver des solutions concrètes et urgentes à toutes vos difficultés et donner un nouvel élan à la pêche continentale à Biskra», a rétorqué le ministre avant d'annoncer le projet de la construction d'une direction des ressources halieutiques à Biskra, l'aménagement de 5 nouveaux sites voués à la pisciculture en zone rurale et la baisse de la TVA pour les opérateurs du secteur de 17 à 9 % en guise de mesure incitative décidée par le gouvernement. À noter que la délégation ministérielle a rendu visite à des fermes-pilotes spécialisées en pisciculture et des exploitations agricoles où l'on s'adonne à l'élevage de poissons dans des bassins d'irrigation et qui sont des exemples de réussite à Ourlel, El Hadjeb et Sidi Okba grâce auxquelles Biskra produit actuellement 40 t/an de carpes et de tilapia du Nil, alors qu'elle peut en l'état des infrastructures fonctionnelles atteindre 100 t/an, a-t-on appris. 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