Seif El Islam El Gueddafi est de retour. Il va même annoncer sa candidature aux prochaines élections présidentielles dans les tout prochains jours. Le fils de l'ancien leader libyen, Mouammar El Gueddafi, dont la chute et l'assassinat brutal ont eu lieu, le 20 octobre 2011, aux termes d'une sanglante insurrection suivie d'une opération militaire multinationale, compte jouer les premiers rôles lors de ces élections présidentielles prévues pour le 24 décembre prochain. L'info nous a été confirmée par des sources très proches du fils aîné de l'ancien « Guide de la Révolution » qui précisent en outre que cette annonce se fera à partir d'Alger. Le choix de la capitale algérienne, ajoute-t-on, n'est pas fortuit. « Si les élections se passent de manière pacifique, impartiale et transparente, Seif El Islam à toutes les chances de devenir le prochain président libyen tant il représente cette paix et cette stabilité qui ont manqué aux pays. Il est la personne à même de faire le consensus et la synthèse en Libye et reprendre les choses là elles se sont arrêtées de manière tragique en 2011 », disent nos contacts. Cet optimisme des milieux proches de Seif El-Islam découle du fait que celui-ci était déjà perçu dans les années 2000 comme le réformateur qui pouvait changer le régime de l'intérieur, celui qui avait le discours le plus progressiste au point qu'il avait même été mis de côté par son père. Seif El-Islam El Gueddafi avait compris les vœux de la jeunesse libyenne et l'importance d'ouvrir le pays pour le faire rentrer dans une sorte de « normalisation pour ne pas dire démocratie ». Avant 2011, Seif représentait cet espoir de changement et de transition pacifiques de la Libye. Hélas, pour nos sources, à la chute du régime libyen, il y avait chez les puissances occidentales, une volonté de supprimer physiquement le leader libyen et de ne pas laisser de chance au dialogue. « Il y avait une volonté de transition pacifique, de faire les choses dans la paix que les occidentaux ont refusée et écartée », estiment nos contacts. Né le 25 juin 1975, Seif El Islam est le second fils du leader libyen et le premier issu avec son épouse Safia. Président de la Fondation internationale Kadhafi pour la charité et le développement, il était l'un des principaux émissaires de son père à l'international. Arrêté au mois d'octobre 2011 alors qu'il tentait de fuir vers le Niger, Sief El-Islam n'a été libéré par le groupe armé qui le détenait qu'en 2017. La chute de l'ancien homme fort libyen a entraîné le pays dans une longue décennie de chaos, de guerre civile et de luttes fratricides qui a pour conséquence d'entraîner toute la sous-région dans l'instabilité. «Nous savons que la grande majorité des Algériens a désapprouvé le traitement subie par la famille Kadhafi après la chute du régime. Les mercenaires, les millions d'armes qui circulent et l'ingérence de tous les pays qui sont maintenant aux portes de pays comme l'Algérie ont grandement déstabilisé la région et ces dix ans de chaos ont finalement donné raison à Seif et l'ont remis en selle», estiment également nos contacts qui révèlent que Seif se trouve toujours dans la ville de Zentan. En contact et en pourparlers avec beaucoup de chefs et « chouyoukhs » d'autres tribus qui détiennent les clés de la stabilité en Libye. Les deux élections que le pays a connues ont été marquées par des échecs patents. Finalement, dans l'esprit des libyens, l'ère El Gueddafi a été la seule période de stabilité et de prospérité que le pays a connue. « Il y avait un revenu minimal de 450 dollars pour tout le monde, il y avait l'électricité, les jeunes qui voulaient étudier avaient des bourses et le pays était riche et prêtait de l'argent aux autres », estiment nos sources qui soutiennent également que dans les sondages actuels, beaucoup de libyens ont l'intention de voter pour Seif El-Islam car c'est la seule personnalité politique qui a occupé des fonctions au plus haut niveau et qui a une dimension de chef d'Etat qui a en mains les atouts indispensables pour faire retrouver au pays cette stabilité qui lui tant aujourd'hui. « Il a su rester en retrait tout en restant connecté aux tribus et au pays. Avec deux gouvernements, le pays, aux mains des milices, est divisé et fragmenté. C'est la seule personne à même de fédérer à nouveaux les 200 tribus libyennes comme l'avait fait son père. Car il connaît très bien la réalité libyenne et a été de toutes les discussions avec les différentes forces et fractions du pays. C'est lui, par exemple, contre l'avis de son père, avait mené des discussions avec les islamistes et avait sorti Belhadj de prison », indiquent nos sources. Dix ans donc après la fin du régime de Mouammar El Gueddafi, la quête d'une certaine stabilité dans ce pays du Maghreb passera-t-elle désormais par le retour au pouvoir d'un autre Kadhafi, Seif al-Islam en l'occurrence, qui ambitionne de restaurer l'unité du pays. Dans un récent entretien accordé au New York Times, il a estimé que « le pays a été violé et mis à genoux », en parlant des factions régionales qui se sont divisé le territoire libyen depuis la mort de son père. « Il n'y a pas d'argent, plus de sécurité. Il n'y a plus de vie ici. Allez à la station-service : il n'y a pas d'essence. Nous exportons du pétrole et du gaz vers l'Italie. Nous éclairons la moitié de l'Italie et nous avons des pannes d'électricité ici. C'est plus qu'un échec. C'est un fiasco », a-t-il affirmé au célèbre journal new-yorkais. À moins de deux mois du scrutin présidentiel Seif El Islam se voit donc désormais comme le retour de « l'homme opportun qui arrive au moment opportun ». Djamel Alilat Advertisements