Que Kamel Rezig fasse encore partie du gouvernement Benabderrahmane est une énigme politique. Au moment où la hausse des prix est générale, persistante et insupportable jusqu'à menacer la sécurité alimentaire des Algériens, l'Algérie a besoin d'un ministre fort, intelligent et maîtrisant les rouages des filières pour reprendre le contrôle de ce secteur si sensible et redresser la barre du commerce national. Depuis qu'il siège au plus haut étage des tours des Bananiers, Kamel Rezig enchaîne les échecs, mais s'assure par sa verve démagogique et son temps de passage dans les chaînes télé de mettre la responsabilité de son propre échec sur les «autres» ; tantôt des entités indéfinies, et tantôt des notions opportunistes ou abstraites comme la pandémie de la Covid-9 ou encore l'augmentation des prix sur les marchés internationaux. Cette fois, et pour justifier la folie des marchés de fruits et légumes et devant laquelle ses solutions sont inefficaces quand elles n'aggravent pas la situation, il désigne du doigt «la main invisible», responsable selon lui de «crises préfabriquées». Une énième insulte à l'intelligence des Algériens, qui savent, malgré le parasitage des faux experts, qu'il n'y a rien d'invisible dans cette machination spéculative. Dès sa prise de fonction en janvier 2020 dans le premier gouvernement Djerad, Rezig s'était engagé à «garantir aux citoyens la disponibilité des produits et veiller à leur qualité». Le premier d'une longue série d'engagements vite démentis par les tensions et pénuries récurrentes sur les produits de première nécessité notamment. Les Algériens lui tiennent rigueur de n'avoir pas tenu sa promesse de faire baisser le prix de la viande rouge à 800 DA, et lui reprochent aussi de n'avoir pas pu empêcher la crise du sachet de lait, celle de l'huile de table, de la semoule, et les épisodes récurrents touchant les fruits et légumes, jusqu'au scandale de la pomme de terre. Ses menaces de «couper la tête» aux spéculateurs et aux charognards du commerce font toujours pschitt et sont tournées en dérision par la vox populi. Un bilan pitoyable. A défaut de résoudre les problèmes de fonctionnement du marché national et de mettre en place un système d'autorégulation, fluide et équitable, à même de rendre meilleur le quotidien de ses compatriotes, le ministre use des annonces, des effets de manche et des tartarinades ; rien que de la politique spectacle pour se maintenir en poste et satisfaire son image, sa carrière et son intérêt personnel. Il en a abusé au point de mettre parfois dans la gêne ses supérieurs. Aujourd'hui, la partie est finie pour celui qui a menacé de «fermer (le domino) à double six», car la poudrière sociale menace la stabilité du pays, et le maintenir en poste serait suicidaire pour un gouvernement qui veut certainement éviter les dérapages. Advertisements