Le président Abdelmadjid Tebboune a célébré dimanche l'An II de son arrivée au pouvoir à la faveur de l'élection présidentielle du 12 décembre 2019. Les médias lourds publics ont marqué l'événement par des reportages-bilans mettant en relief «les réalisations» à l'actif du chef de l'Etat dans le cadre de la mise en œuvre de son programme d'action décliné en «54 engagements». Face aux revendications du mouvement populaire du 22 février 2019 de rupture radicale avec le système en place qui avait mis à bas le règne de deux décennies de pouvoir absolu de Bouteflika, le président Tebboune a déroulé une feuille de route politique prônant un changement en douceur, en prenant soin de ne pas opérer une césure brutale avec l'ordre établi. Convaincu que la crise à laquelle était confronté le pays était de nature institutionnelle et que les institutions en place délégitimées, mal élues, héritées de l'ère Bouteflika, ne pouvaient pas survivre au départ de ce dernier et aux revendications fortes de changement exprimées par la rue à travers le hirak, le président Tebboune s'est attelé, dès son élection, à mettre en place les nouvelles institutions élues (Parlement et assemblées locales et de wilaya) ainsi que l'installation de la Cour constitutionnelle en remplacement du Conseil constitutionnel. Le parachèvement de la mise en place de l'édifice institutionnel, conformément à l'agenda politique du pouvoir, n'a pas produit le déclic attendu par le président Tebboune en termes de mobilisation et d'adhésion populaires à son projet de «l'Algérie nouvelle». A la différence de Bouteflika qui avait bénéficié de l'aisance financière durant une longue période de son règne pour asseoir son pouvoir par une redistribution de la rente pétrolière et la politique des transferts sociaux, Tebboune avait, sur le papier, un programme ambitieux, mais pas tous les leviers en main pour sa concrétisation, face aux vents contraires qui ont marqué la première moitié de son mandat. Assiégé par le hirak, fragilisé par les effets de la pandémie au regard du coût économique, social et politique des incohérences relevées dans sa gestion, un front social en ébullition, une machine économique grippée, l'émergence d'une nouvelle «opposition» incarnée par l'appareil bureaucratique sclérosant accusé d'être au service de milieux hostiles qui chercheraient à saborder son programme, le président Tebboune avait misé sur le dossier mobilisateur de la lutte contre la corruption symbolisée par les procès des membres de la «îssaba» pour séduire et convaincre. Le désenchantement populaire suscité par le cours de la justice par rapport à ces procès a quasiment annihilé l'impact politique de l'action judiciaire et les dividendes en termes d'indice de popularité attendues par le chef de l'Etat. Le faible taux de participation électorale enregistré aux différents scrutins ainsi qu'au référendum populaire sur la révision constitutionnelle montre bien que la solution dite «constitutionnelle» choisie a permis, certes, de renouveler les institutions et d'éviter ainsi une crise institutionnelle généralisée qui aurait pu ouvrir la porte à un scénario de vacance du pouvoir aux conséquences lourdes, mais elle n'a pas réglé, pour autant, la question nodale de la légitimation du processus politique et institutionnel mis en œuvre. En annonçant, lors de la récente rencontre avec les investisseurs nationaux, que l'année 2022 sera celle de la relance industrielle et donc des défis économiques, le président Tebboune a définitivement clos le débat sur les réformes politiques et institutionnelles post-Bouteflika. Advertisements