L'association Bel Horizon compte mettre à profit chaque heure et chaque jour de ce mois consacré au patrimoine pour tirer, encore une fois, la sonnette d'alarme sur l'état plus que dégradé des sites et monuments d'Oran. Plus encore, l'association ne compte pas se limiter à déplorer ce triste état des lieux, mais elle compte aller encore plus loin dans la défense de ce patrimoine dont des pans entiers ont fini par disparaître, sous les coups non pas du temps et des individus mais aussi et surtout par l'inaction et tout aussi par l'action des pouvoirs publics. Elle propose, en lieu et place d'une démarche de restauration « parcellaire », traduite par un « bricolage » hideux et nuisible engagé jusqu'à maintenant à Sidi El Houari par les autorités locales, une démarche globale, rationnelle, élaborée en association avec des experts nationaux et internationaux, avec l'implication des citoyens et en particulier les habitants concernés pour obtenir le classement du vieil Oran par l'Unesco comme patrimoine mondial. « Cette idée a été lancée, il y a deux ans, par notre association, sur les ondes de la chaîne radio locale El Bahia », dira le président de Bel Horizon, Métair Kouider, lors d'un point presse organisé hier matin au siège de l'autre association culturelle de promotion de la chanson oranaise, APICO. « Si cette proposition n'a pas suscité l'intérêt souhaité de la part des responsables et élus de la ville, l'association, par contre, a travaillé entre-temps en silence pour produire une première étude technique approfondie sur ce projet qui nous tient le plus à cœur », ajoutera le président. Dans cette étude élaborée par le conseil scientifique de l'association, il y a un chapitre consacré à l'exposé des motifs, une sorte d'argumentaire pour démontrer qu'Oran réunit toutes les conditions d'éligibilité à ce classement au patrimoine mondial, non pas comme vestige du passé mais comme une cité historique vivante. Large panel culturel et civilisationnel Et l'orateur de souligner, comme atout majeur, ce large panel culturel et civilisationnel qu'offre le site du vieil Oran. On y trouve en effet de tout, à commencer par les restes d'une origine paléo-berbère, en passant par des réalisations architecturales arabo-islamiques, côtoyant des forts et autres constructions espagnols, ajoutées à tous ces édifices modernes représentatifs de tous les types et genres d'architecture occidentale. A ce titre, l'animateur du point de presse précisera, non sans fierté, que ce n'est pas sans raison que l'Unesco a choisi, en 2002, ce plateau du Murdjadjo pour lui attribuer le prix international Mélina Mercouri, car il représente l'exemple type de ce patrimoine partagé « méditerranéen ». Ce classement, cependant, n'est pas un objectif en soi pour l'association qui vise surtout, à travers cette proposition, la création de secteurs sauvegardés pour que personne ne puisse agir, de quelque manière que ce soit, sur les édifices de ce site sans l'avis autorisé et avisé des structures compétentes. Cette pré-étude sera débattue le 16 mai, au siège de l'hôtel de ville, avec les Oranais et tous ceux intéressés, de près ou de loin, par la préservation et la restauration des sites et monuments, ainsi que tous ceux qui ont à cœur l'avenir de leur ville. L'étude sera ensuite transmise à toutes les autorités locales ou nationales pour susciter un réveil des institutions en charge du patrimoine. » Le président de l'association ne finira pas son réquisitoire contre cet état de fait qui consiste à confier des études et des travaux de restauration de sites et monuments à ces bureaux d'études et autres entreprises du bâtiment sans défendre cette proposition de classement, ne manquant pas de juger cette situation discriminatoire : « Parmi les sept sites classés à l'échelle nationale, aucun ne se trouve à l'ouest. »