Hier, les établissements scolaires du palier secondaire de la wilaya de Annaba étaient pratiquement paralysés. Sur les 29 lycées, 28 ont presque fermé leurs portes devant les élèves qui ont dû repartir faute d'enseignants. Selon M. Chorfi, membre du conseil national du Cnapest, seuls les enseignants du lycée de la commune de Chorfa sur les 29 que compte la wilaya n'ont pas respecté le mot d'ordre de grève. « Avec 85 % sur un nombre total de 1411 enseignants du secondaire en grève, nous pouvons annoncer que notre journée de protestation est une réussite », a t-il indiqué. Ce qui n'est pas de l'avis de la direction de l'éducation où l'on a annoncé un taux de 49,39 % pour 687 grévistes dans 26 lycées sur les 29 implantés dans la wilaya. A Jijel l'engagement des enseignants du secondaire à ce mouvement de protestation ne s'est matérialisé qu'au niveau de 17 lycées sur les 27 que compte la wilaya de Jijel. Le nombre d'enseignants ayant adhéré au débrayage se résumait à 354 grévistes sur un total de 1236 enseignants, soit un taux de 28,64%. Plusieurs établissements secondaires de la wilaya de Aïn Defla ont été paralysés hier par la journée de protestation décidée par le CNAPEST. En effet, des sources syndicales proches de ce syndicat non agréé ont indiqué que plus de 90% des PES ont répondu favorablement à l'appel, soit 26 établissements sur les 29 que compte la wilaya, selon Brahim Abdelbaqi, représentant syndical. En revanche, des sources émanant de la Direction de l'éducation ont avancé le taux de 38,39%. Concernant le boycott administratif, la même source officielle a indiqué que 13 établissements sont concernés, soit 27% des PES qui n'ont pas encore porté les notes du deuxième trimestre sur les bulletins. Le même responsable ajoutera que l'on s'attend à un changement de situation à partir des heures qui viennent. 579 enseignants sur les 1588 en activité ont débrayé et 25 lycées ont dû soit fermer leurs portes, soit assurer partiellement les cours au niveau de la wilaya de Chlef. Dans beaucoup d'agglomérations, les élèves ont été contraints de retourner chez eux dès les premières heures de la matinée. Officiellement, le taux de suivi est estimé à 36 %, soit presque la même proportion de grévistes observée lors de la dernière action du CNAPEST. Violation des lois Selon le bureau de wilaya de Béjaïa, le mot d'ordre de grève a été suivi à 90% et l'action des rétentions des notes, qui a atteint les 83%, se poursuit. Les grévistes montrent du doigt la Direction de l'éducation qu'ils accusent de vouloir briser leur mouvement de protestation en, selon le CNAPEST-Béjaïa, « instrumentalisant certains proviseurs à qui il est demandé d'agir en violation de leurs prérogatives et des lois régissant les conflits collectifs ». Les enseignants croient voir cette « instrumentalisation » à travers l'avertissement, signifié via les proviseurs, d'une déduction sur salaire dans le cas où ils manqueraient à l'appel lors des prochains conseils de classe. Rappelons que le conseil de classe du deuxième trimestre n'a tout simplement pas eu lieu. Des mises en demeure viennent aussi de leur être adressées individuellement les sommant de remplir les bulletins restés vierges depuis l'appel de leur syndicat. Paralysie Faute de quoi, des sanctions administratives leur seront appliquées. Le taux de suivi du mouvement de grève enclenché hier à Bouira varie, selon un des membres de cette organisation syndicale non encore agréée, de 90% à 100% dans la wilaya. A la fin de la journée d'hier, la Direction de l'éducation de la wilaya de Skikda a estimé que le mouvement de grève des enseignants des lycées a été partiellement suivi. Selon les déclarations du secrétaire général de la direction, sur l'ensemble des 37 établissements du secondaire de la wilaya, seuls 28 ont été plus ou moins perturbés par le débrayage. Il a également avancé que seuls 493 enseignants ont suivi le mouvement sur un ensemble de 1657, ce qui équivaut à un taux de débrayage de 37,75%. Le représentant direct du CNAPEST de la wilaya de Skikda a tenu, lors d'une visite à notre bureau, à affirmer que « 34 établissements de la wilaya ont été totalement paralysés bien que nous ne disposions pas dans l'immédiat du nombre exact de nos collègues grévistes ». Il a également tenu à mentionner que le corps a été concerné durant cette journée par pas moins de quatre séminaires, une coïncidence qui n'a pas permis de dresser un état exhaustif du taux de suivi. Par ailleurs, les membres du CNAPEST de Skikda ont appelé à un sit-in pour protester contre la mainmise de l'UGTA sur les œuvres sociales. Le représentant du CNAPEST estime que le fait d'exiger des enseignants une adhésion à l'UGTA pour prétendre bénéficier d'un carnet de santé est « inacceptable et contraire à l'esprit même des œuvres sociales ». Le sit-in devrait, selon un communiqué, se tenir aujourd'hui devant le siège des œuvres sociales des enseignants. Le taux de participation au mouvement de grève a été estimé entre 70 et 80% à Oran par les délégués du CNAPEST. Hier vers 16h, comme à l'accoutumée dans ce genre de circonstances, les représentants des lycées commençaient à affluer vers la cafétéria l'Algeria, située en face du lycée Lotfi et devenue par la force des choses le QG de ce syndicat qui n'a pas de local pour se réunir. Les délégués se sont donné rendez-vous pour faire le point de la journée et préparer la réunion du conseil de wilaya. Le représentant de Lotfi évalue à 70% le taux de participation dans ce lycée particulièrement réputé. Le délégué de l'établissement Imam El Houari affirme, lui, qu'un seul enseignant n'a pas suivi le mouvement de grève parce qu'il est affilié à un syndicat rival : l'UGTA. Moins optimiste, le représentant d'un lycée d'El Makkari (ex-Saint-Eugène) évalue à seulement un peu plus de 50% le taux de participation. Une cellule de suivi, dirigée par M. Tadjer, a été mise en place au sein de la direction de l'éducation. Selon celui-ci, 6 établissements sur 42 n'ont pas été concernés par la grève et la proportion des grévistes a été évaluée par l'administration à 869 enseignants participants sur 2324 durant la matinée contre 639 sur le même effectif global durant l'après-midi. Sur un autre registre, une information selon laquelle un tract anonyme a été rédigé dans le sens d'inciter les élèves à initier des actions pour contrecarrer la grève du CNAPEST a été confirmée. Les enseignants disent que ce document anonyme a été distribué au lycée Pasteur. Pressions Les soupçons sont partagés entre l'UNJA, dont le président d'Oran est de la même famille politique que le ministre de l'Education nationale, et l'association des parents d'élèves dont le président est du FLN, mais faisant partie de la coalition gouvernementale. Une quarantaine de lycées, sur les 48 que compte la wilaya de Constantine, aurait répondu au mot d'ordre de grève lancé par le CNAPEST. Un suivi qui a atteint hier un taux de plus de 83% avec des variations qui vont du 0% au lycée des Sœurs Saâdane au 100% du lycée d'Ibn Ziad. Ce débrayage aurait pu se passer sans histoire n'était la pression exercée par la direction de l'éducation sur les enseignants grévistes comme l'affirme le représentant local du syndicat, M. Boussetta. Des instructions orales auraient été données, en effet, aux chefs d'établissement pour fermer les salles de profs aux grévistes, mais c'était compter sans la vigilance de ces derniers qui ont refusé d'évacuer les lieux. Auparavant, cinq membres du CNAPEST ont été privés de leur salaire sous le prétexte fallacieux d'erreurs de compte bancaire pour les amener à renoncer à leur activité syndicale. Mais selon une autre source, un incident plus grave se serait passé hier au lycée El Houria où les enseignants grévistes ont été malmenés par le directeur de l'éducation qui faisait sa tournée. En voulant vérifier cela sur place, nous avons été gentiment interdit d'accès à l'intérieur de l'établissement comme au lycée Youghourta où nous n'avons pu rencontrer les grévistes à cause du refus de l'administration. Nos bureaux