Dans la commune de Azzaba, à l'est de la wilaya de Skikda, on ne parle que du feuilleton du « marabout » venu vraisemblablement de M'sila pour élucider une affaire criminelle. Une histoire que la vox populi ne cessera d'amplifier, d'ornementer et de raconter avant que la justice ne tranche définitivement en plaçant en garde à vue 4 personnes impliquées dans une histoire moyenâgeuse. Au commencement, une dame dont le fils, accusé de meurtre, purge actuellement une peine de 10 années, trouva dans les conseils d'une de ses amies une chance de « prouver l'innocence de ce fils t. ». L'amie lui recommande un marabout capable, d'après ses descriptions, d'élucider les plus sombres affaires et trouver même l'assassin. La mère en compagnie de son mari arrivera à convaincre le fameux marabout de se déplacer à Azzaba et d'entamer ses investigations. Une fois sur place, le marabout énonce les ingrédients de son travail : « Il me faut un enfant très studieux dont l'âge se situerait entre 10 et 12 ans. Je l'envoûterai et, avec ce pouvoir, il nous divulguera le nom du véritable assassin. Comme ça, vous irez le dénoncer et libérer votre fils. » L'époux, très connu dans le quartier, sort et revient avec trois collégiens. Le marabout entame alors une discussion avec les enfants. Rassurés quelque part par leur présence dans un domicile qu'ils connaissent bien et qui, de surcroît, se trouve dans un établissement scolaire, les enfants étalent alors leur cursus scolaire. L'un d'eux âgé de 12 ans lance fièrement : « j'ai eu 16 de moyenne et un encouragement. » Le marabout lance alors à l'intention de ses hôtes : « c'est lui qu'il me faut. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Les deux autres gamins sont priés de repartir et le troisième est conduit dans une pièce à part où l'attendait le marabout. Ce dernier commencera ses pratiques en dessinant des lettres indéchiffrables sur la main droite de l'enfant avant d'entamer des élucubrations. Effrayé et mort de peur, l'enfant commencera à crier, alertant alors tout le voisinage. Entre temps, les deux autres gamins étaient déjà partis alerter les parents de leur ami resté « emprisonné ». Accourus, les parents accompagnés des éléments de la section judiciaire de la sûreté de daïra de Azzaba trouveront 4 personnes en compagnie de l'enfant encore apeuré. Cependant, le marabout a quand même réussi à prendre la fuite. L'enquête menée par la section judiciaire de la sûreté a permis d'arrêter cinq personnes qui ont été présentées mercredi dernier devant le juge d'instruction près le tribunal de Azzaba. Quatre ont été incriminées et incarcérées (la femme, son mari et deux autres amies de la famille) et la cinquième libérée.