Le tribunal de Sidi M'hamed, à Alger, a rendu son verdict dans l'affaire liée à l'importation du whisky frelaté. Ainsi l'importateur, Abdelaziz Lamali, a été condamné à une peine de 5 ans de prison ferme assortie de deux amendes, l'une d'un montant de 1,212 milliard de dinars (121 milliards de centimes) et l'autre de plus de 695 millions de dinars qu'il doit payer solidairement avec Bachir Billal, son prête-nom. La défense de Abdelaziz Lamali, composée de cinq avocats, à leur tête Adelmadjid Sellini, a fait appel. Cette affaire a laissé de nombreuses zones d'ombre dans la mesure où la question liée au transfert illicite de la somme de 5 millions d'euros, montant de la transaction, vers un compte privé domicilié à Monaco, via El Khalifa Bank n'a pas été abordée. Cette opération d'importation a été réalisée par Abdelaziz Lamali, sous un prête-nom, Bachir Billal, grâce, semble-t-il, à la complicité du chef d'agence d'El Khalifa Bank de Chéraga, actuellement en prison. Et c'est à partir de cette même agence que six vrais faux bons de caisse auraient été délivrés à Lamali, pour être déposés dans trois autres agences (Bouzaréah, Koléa et Blida) pour servir au transfert par swift d'importantes sommes d'argent vers l'étranger. La découverte du pot aux roses a eu lieu après le dépôt de plainte d'un citoyen dont le compte est domicilié à l'agence El Khalifa de Chéraga. Le plaignant a découvert que deux transferts et une transaction commerciale d'un montant de plus de 5 millions de dinars ont été effectués à partir de son compte par Abdelaziz Lamali. Ces opérations, connues dans le jargon des trafiquants par le nom de « doublette », sont réalisées en général avec un seul document douanier, le D10, et sans laisser de traces grâce à la complicité de certains agents banquiers. Cette victime a réussi quand même à bloquer les ventes d'une partie des biens de Abdelaziz Lamali, en l'occurrence un terrain de 1300 m2 à Staouéli, un autre de 520 à Chéraga, et un logement à Bouchaoui. D'autres biens immobiliers n'ont pu être saisis du fait qu'ils ont été inscrits au nom de l'épouse de Lamali. Il ne s'agit pas d'une seule plainte mais de plusieurs autres qui ont été déposées au niveau des tribunaux, non seulement contre Lamali, mais également contre Laïd Berradi, ce richissime commerçant de Koléa, arrêté il y a plus d'un mois par la police à Alger pour fausses domiciliations bancaires, trafic d'influence, faux et usage de faux, fraude fiscale, etc. Lamali et Berradi, qui n'avaient aucun bien au début des années 1990, se retrouvent aujourd'hui à la tête d'un empire financier inestimable. Ils ont fait des affaires ensemble et utilisé les mêmes prête-noms, comme par exemple Mohamed El Arbi Allel, qui a poursuivi en justice Lamali et Berradi pour avoir débité son compte d'une somme de 34,160 millions de dinars au moment où il était à l'étranger. Aujourd'hui, El Arbi Allel est sommé par le liquidateur d'El Khalifa de restituer cette somme relative à ce qu'il qualifie « de créances douteuses ». Ces deux « hommes d'affaires » sont devenus tellement influents qu'ils avaient la mainmise sur de nombreuses institutions, notamment la justice. Si Lamali Abdelaziz a réussi à échapper au tribunal criminel (requalifiée, l'affaire est passée de la criminelle à la correctionnelle), Berradi, après avoir fait étouffer une bonne partie des plaintes déposées à son encontre au niveau du tribunal de Koléa, a fini par être pris au piège des services de sécurité à Alger. Mis sous mandat de dépôt par le tribunal de Sidi M'hamed, il est en prison. Son affaire liée aux deux chèques sans provision d'un montant de plus de 120 millions de dinars délivrés à deux de ses anciens associés a été renvoyée par le tribunal de Blida au 5 juin prochain. Ces deux plaintes étaient gardées au fond des tiroirs du procureur du tribunal de Koléa et du juge de la même juridiction. Les relations qu'entretenait Berradi avec ces magistrats ont fait que le dossier n'a, en dépit des preuves accablantes, jamais abouti. Plus grave, Berradi a monté un scénario de toutes pièces pour faire écrouer un des plaignants. Il a payé un de ses anciens ouvriers pour déclarer devant la police avoir volé le chèque en question avec la complicité de son associé. Après avoir accompli cette tâche devant les officiers de police, l'ouvrier est revenu sur ses propos en impliquant Berradi. L'affaire a pris de l'ampleur d'autant que les deux plaignants ont saisi les plus hautes autorités du pays. Les deux magistrats du tribunal de Koléa ont été donc suspendus par la chancellerie, et le dossier des deux plaintes pour chèques sans provision ont été transférés vers le tribunal de Blida.