Depuis plus d'une semaine déjà, le centre-ville de Skikda vit une anarchie des plus indescriptibles. Des travaux de ravalement des façades donnant sur l'avenue Didouche Mourad sont exécutés en plein jour et indisposent aussi bien les citoyens, les automobilistes que les commerçants donnant sur cette artère. Ces travaux d'après le peu d'informations qu'il nous a été donné de collecter sont chapeautés par l'OPGI de Skikda et non par l'APC, comme le croient les citoyens. Ils font partie de l'opération « Réhabilitation du parc immobilier des communes de la wilaya de Skikda » que dirige la direction de l'administration locale (DAL). On croit même savoir qu'une enveloppe de 6 milliards de centimes prélevés sur la taxe d'habitation a été dégagée pour mener à bien l'ensemble de l'opération. Seulement, ce qui se passe ces derniers jours à Skikda n'a rien à voir avec la « réhabilitation », mais c'est plutôt un « trompe-l'œil ». Tous les commerçants auxquels nous avons rendu visite ne cachent pas leur indignation. L'un d'eux témoigne : « On ne nous a même pas informés avant pour qu'on prenne nos dispositions. Les ouvriers chargés du ravalement viennent comme ça à l'improviste et ceinturent nos magasins. Ce qui nous indispose et qui nuit à notre commerce. » Au niveau de l'Union locale des commerçants et artisans de Skikda, le président confirme sur le même ton : « Il y a un manque flagrant de coordination dans cette opération. Malgré les recommandations du wali lors des réunions, il se trouve que quelques administrations refusent de coopérer. Nous avions convenus d'un rendez-vous avec le directeur de l'OPGI pour apporter notre concours dans l'opération en cours, malheureusement, une fois au siège de l'OPGI, nous n'avons même pas été reçus. » Les citoyens, quant à eux, voient dans cette opération un simple badigeonnage en mettant en évidence l'absence totale de protection. « Regardez comment ils procèdent, tout ce qu'ils décapent vient directement nous tomber sur la tête. Les poussières sont levées par les brises et se colportent dans les artères. A se demander s'il y a des responsables qui contrôlent ces travaux », dira un citoyen. D'autres, qui s'interrogent quant au but réel d'une telle opération, estiment que les immeubles des arcades n'ont pas besoin de « peinture », mais d'une véritable opération de réhabilitation. « Il suffit juste d'y toucher pour que tout s'écroule. Et dire que c'est fait avec l'argent du contribuable ! », commentera un autre. Les automobilistes, eux aussi, font les frais des travaux en cours, tout comme les agents de la circulation qui se retrouvent contraints à gérer les erreurs des autres. Pourquoi ne pas exécuter ces travaux le soir ? Pourquoi ne met-on pas de filets pour minimiser les risques ? Existe-t-il un cahier des charges et a-t-il été respecté ? Toutes ces questions devraient être posées au directeur de l'OPGI qui nous a accordé un rendez-vous. « Venez à 15 h et on en discutera », nous a-t-il confirmé. A 14h50 et après s'être présentés à son bureau, il nous fait savoir par sa secrétaire : « Le rendez-vous est convenu à 15 h. D'ailleurs, il vous dit qu'il est en réunion qui risque de durer. » Devons-nous revenir ou attendre ? On n'en saura rien et on aura beau laisser nos coordonnées, l'OPGI, 24 heures après, était aux abonnés absents. A défaut, nous nous sommes adressés au DAL. Ce dernier se contentera juste de dire : « Je ne peux pas vous recevoir pour l'instant. On vous appellera quand on aura le temps. » Pourquoi ce refus de communiquer ? El Watan serait-il devenu indésirable dans l'administration locale ? A notre connaissance, le wali a bien instruit l'ensemble de son exécutif en demandant aux commis de l'Etat de faciliter le travail aux correspondants locaux en leur communiquant les informations ; pourquoi alors nous empêcher de communiquer aux citoyens ce qui se passe dans leur cité ? L'opération en cours semble a priori répondre à une conjoncture pressante ; celle de la fête de la fraise que s'apprête à organiser l'APC de Skikda et qui verra, semble-t-il, la présence de pas moins de trois ministres. Tout ça est bien beau et honore Skikda, mais cela aurait dû être accompagné par une meilleure organisation pour joindre l'utile à l'agréable. Trois ministres, c'est bien, l'intérêt et le bien-être des citoyens, c'est encore mieux !